2019/20 : Un bal aux rythmes renversants
 Impact de Montréal
 
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À Montréal, la saison 2019 s’ouvre dans l’optimisme. Et pour cause : privé de phase finale de Coupe MLS depuis 2016 et de Ligue des champions depuis l’épopée de 2015, le club a fini l’année précédente en trombe et se dit que s’il y a continuité, les ambitions sont légitimes. Pour sa deuxième campagne à la tête de l’équipe, Rémi Garde reçoit deux renforts qui doivent aider à confirmer ces prédispositions : l’ailier Harry Novillo, qui n’a jusque-là jamais confirmé son talent en raison de diverses frasques, et l’attaquant Maxi Urruti, sensé devenir le buteur tant recherché.

Oui mais voilà : Novillo est tout sauf sérieux, Urruti tout sauf un attaquant de pointe, Ignacio Piatti accumule les indisponibilités pour blessures, alors que des joueurs importants un an plus tôt, comme Evan Bush ou Daniel Lovitz, sont redevenus très moyens. Si à la mi-saison, le bilan chiffré tient encore la route, plusieurs joueurs qui ont porté l’équipe à bout de bras jusque-là commencent à tirer la langue. Rien de tel que des rencontres de Coupe du Canada pour se requinquer le moral dans un contexte différent !

LES NOUVEAUX VENUS DU SOCCER CANADIEN

Et pour changer, le contexte a changé. Diamétralement, même ! En cette année 2019, le Canada a, enfin, à nouveau son championnat national. Cette fois, sept équipes sont sur les rangs, tandis que les trois meilleurs clubs du pays restent installés en MLS. Ses participants effectuent évidemment leur entrée dans la Coupe nationale, à laquelle participent également les champions provinciaux du Québec et d'Ontario.

On passe ainsi de 6 à 13 participants, avec l’addition de tours préliminaires, une formule dont seule l’ACS a le secret et l’entrée en lice de Montréal en quarts de finale – tout comme Vancouver, mais Toronto reçoit son billet direct pour les demi-finales. Et le sort a désigné York9 pour affronter l’IMFC, qui dispute ainsi début juillet son premier duel officiel contre une équipe de CanPL.

Le match aller se joue en Ontario chez un adversaire avant-dernier de son championnat et dont les talents offensifs peinent à s’exprimer collectivement. Sur son terrain étroit, il attend longtemps les favoris du jour, qui peinent à se créer des occasions. Il faut une passe en retrait de la tête mal ajustée d’un défenseur à son gardien pour qu’Omar Browne en profite pour ouvrir la marque à l’heure de jeu. Mais à la surprise générale, en 5 minutes en fin de match, York prend l’avance 2-1 ! Avant que le gardien local ne décide de se jeter sur Urruti, le fauchant au lieu de lui subtiliser le ballon. Un penalty-cadeau dont Saphir Taïder profita pour faire 2-2 in extremis.

Ce fut encore un penalty qui fit la différence au retour : seul but du match, il fut converti par Piatti, titularisé contre toute attente et dont l’état de santé, lui qui revenait de blessure, fut la meilleure surprise de la soirée. Une victoire 1-0 logique face à un adversaire inférieur, mais peu convaincante offensivement. La qualification était toutefois l’essentiel, obtenue après le service minimum.

L’adversaire en demi-finale n’était pas un ogre, mais quand même bien plus coriace : le Cavalry FC, basé à Calgary, avait éliminé Vancouver au tour précédent et occupait la tête de son championnat. En outre, il avait l’avantage de disputer le match retour à domicile. C’est dire si Montréal devait faire preuve de sérieux dès l’aller au stade Saputo. Et il s’y est appliqué : maître de son sujet pendant plus d’une heure, il avait pris deux buts d’avance, des œuvres de Piatti, avant toutefois de payer un excès de facilité synonyme de 2-1. Score qui n’a pas changé même si l’IMFC a joué les 20 dernières minutes à 11 contre 10.

En Alberta, privé de Piatti et de Samuel Piette, blessés, de Zakaria Diallo, tout juste parti à Lens, et ne pouvant pas encore compter sur Bojan Krkic, fraîchement arrivé, Montréal affrontait un adversaire résolument offensif mais pas inconscient au point de prendre des risques inutiles. La voie de la finale s’ouvrait cependant déjà après moins d’un quart d’heure, quand Anthony Jackson-Hamel reprenait victorieusement un corner de Taïder. Ce sera le seul but d’une rencontre lors de laquelle l’équipe locale n’a pas démérité mais a buté sur des Montréalais faisant preuve d’une toute bonne discipline défensive.

UNE VRAIE FINALE DE COUPE CONTRE TORONTO

Quelques jours plus tard, après un début de match d’excellente qualité permettant de mener 3-0 contre Dallas, cette même discipline défensive a complètement volé en éclats, voyant les Texans égaliser dans les tout derniers instants. Une contre-performance de trop pour la direction, qui a valu le limogeage de Rémi Garde, remplacé peu après par Wilmer Cabrera… lui-même démis de ses fonctions à Houston quelques jours auparavant.

C’est donc le Colombien qui dirigeait l’équipe pour une finale offrant une affiche digne de ce nom, avec le Toronto FC au menu. Alors qu’en championnat, la saison de Montréal s’enlisait inexorablement, son adversaire était dans le premier tiers du classement et restait surtout sur sept rencontres consécutives sans défaite. De quoi arriver au stade Saputo en confiance pour le match aller. Mais dans une ambiance des grands soirs, les joueurs avaient enfilé leurs habits de circonstance, à commencer par les fers de lance de l’équipe Piatti et Taïder.

En l’absence de plusieurs cadors comme Pozuelo, Altidore, Mavinga ou Gonzalez, mais avec Laurent Ciman qui disputait son premier match au stade Saputo sous les couleurs de l’ennemi, Toronto a commencé prudemment comme à son habitude, mais Montréal était déjà tout feu, tout flamme, et l’Argentin ouvrait la marque rapidement après avoir combiné avec son coéquipier algérien. Malgré la montée au jeu de joueurs importants après le repos, les visiteurs n’ont jamais réussi à trouver leurs marques, la faute à des Montréalais qui ont, dans un premier temps, eu l’occasion de doubler l’écart, avant de laisser le ballon à leur adversaire tout en l’empêchant de se montrer trop menaçant, et ont conservé leur viatique pour s’imposer 1-0.

Fort de cette maigre avance, Montréal se déplaçant à Toronto sans Taïder, suspendu, mais avec le reste de ses forces vives au complet. Faisant le gros dos face à un adversaire menaçant mais trop peu efficace, les Québécois ont reculé de plus en plus et les orages s’abattaient les uns après les autres sur sa défense. Mais en plein milieu de l’un d’entre eux, c’est le tonnerre de leur fureur qui gronda lorsque M. Fischer ne vit pas une faute de main d’Auro dans son rectangle.

Et au lieu d’obtenir un penalty en sa faveur, l’IMFC allait encaisser un but, inscrit par Tsubasa Endoh à la suite d’un corner pour le moins confus. Souhaitant éviter la loterie des tirs au but (l’ACS avait rayé les prolongations du règlement de la compétition), Toronto pressait tant et plus pour faire la différence avant la fin du temps réglementaire. Mais à cinq minutes du terme de celui-ci, Chris Mavinga faucha Lassi Lappalainen qui filait seul au but. Verdict : exclusion du fautif, et un coup franc bien placé que Bojan envoya sur le cadre.

1-0 au retour, il fallait donc départager les deux équipes du point de penalty. Pendant que tous les tireurs montréalais trompaient calmement Bono, en face, seul Pozuelo parvint à prendre le dessus sur Clément Diop. Altidore a tiré sur la transversale, le gardien français a arrêté le tir de Mullins et n’aurait certainement pas été loin de dévier la frappe d’Osorio si celle-ci n’avait pas fini sur le poteau. Le dernier rempart de l’IMFC a même eu la lucidité de bien calculer et a immédiatement célébré, mais il ne resta pas longtemps dans sa bulle puisque dans les instants qui suivirent, il était, méritoirement, porté en triomphe par ses coéquipiers. Et quelques jours plus tard, en championnat, il ravissait pour de bon la place de gardien titulaire à Bush.

NOUVEL ENTRAÎNEUR, NOUVELLE FORMULE

Après avoir soulevé la Coupe des Voyageurs pour la dixième fois – sur dix-huit possibles – et célébrer comme il se devait, Montréal n’a cependant pas su redresser la barre en championnat. Malgré ses qualité, Cabrera n’était pas l’homme de la situation. En outre, le club se restructurait sportivement, embauchant d’abord Olivier Renard au poste de directeur sportif puis… Thierry Henry comme entraîneur principal !

Si nouveaux responsables sportifs il y a, l’effectif, lui, ne change pas énormément début 2020. Plusieurs joueurs ont reçu de gros contrats de longue durée dont il est difficile de se départir, alors que le nouveau staff donne une chance à certains autres de les évaluer de ses yeux. Cela dit, Piatti a des fourmis dans les jambes et décide de rentrer en Argentine. Rayon arrivées, hormis Romell Quioto qui n’était plus en odeur de sainteté à Houston, les nouveaux sont inconnus du grand public.

Plus ou moins les mêmes joueurs, donc, mais des intentions de jeu diamétralement différentes : alors que depuis son entrée en MLS en 2012, l’IMFC avait été efficace en repartant vite après la récupération du ballon, l’ancien champion du monde français veut une équipe capable de poser le jeu dans le camp de son adversaire. Ce qui, bien entendu, prend du temps. Et pour la Ligue des champions, il n’y en a pas vraiment puisque le premier match officiel de la saison 2020 est le huitième de finale aller de la compétition continentale.

Car là aussi, il y a eu pas mal de changements depuis la dernière participation de Montréal au grand bal des clubs de la Concacaf. Finie la phase de groupes, et on est passé de 24 à 16 participants. Les grands pays ne subissent pas la réduction, au contraire des nations d’Amérique centrale et des Caraïbes, dont le nombre de qualifiés d’office est réduit à peau de chagrin. Pour les consoler, la Ligue Concacaf est mise sur pied, et sert aussi de phase qualificative pour les dernières places dans notre “C1”. Notons que ça ouvre aussi les portes de la (petite) compétition continentale au lauréat de la CanPL (l’arrivée d’un Canadien à la tête de la Concacaf a coïncidé avec de nombreuses décisions pour le moins favorables au soccer canadien). Quant à cette Ligue des champions rabotée, elle commence quelques mois plus tard, en début d’année civile plutôt qu’au dernières lueurs estivales.

Le sort a été à la fois favorable et défavorable à Montréal. En effet, le chemin de l’équipe est libre d’adversaire mexicain jusqu’aux demi-finales, on pouvait difficilement rêver mieux. Cela dit, dès son entrée en lice, il doit se farcir un ogre d’Amérique centrale : Saprissa. Multiples champions continentaux avant que la Coupe des champions ne devienne Ligue des champions, les Costariciens sont certes rentrés dans le rang, mais viennent justement de remporter la Ligue Concacaf et restent un des rares clubs non-mexicains en mesure de tenir la dragée haute à ses adversaires de MLS en toutes circonstances.

BONNES SURPRISES À SAPRISSA

Afin de préparer au mieux ce duel, Thierry Henry reste on ne peut plus discret sur ses plans durant la préparation. Certains duels amicaux sont joués bien loin des caméras et des regards indiscrets, malgré les complaintes de certains plumitifs qui maugréent que “ça n’arrive pas au hockey, ces affaires-là”. C’est évidemment le moindre des soucis de l’entraîneur, qui a un match important à préparer, une équipe à mettre en place et de nombreux essais à effectuer.

Et sur le terrain du Monstre mauve, on a droit à une disposition et à une animation bien différentes tant du peu que l’on avait pu voir durant la préparation, mais aussi de tout ce qui avait été fait à Montréal par le passé. À commencer par un système à trois défenseurs centraux, qui sera régulièrement reconduit par la suite, base d’un 3-4-2-1 n’étant pas sans rappeler la disposition de l’équipe nationale belge, dont Henry a été entraîneur adjoint pendant de nombreuses années.

Ce qui étonne encore plus, c’est le début de rencontre : face à un Saprissa qui ne le sous-estimait pas et était bien rentré dans son match, Montréal ne se montrait absolument pas intimidé et n’hésitait pas à presser haut dans le camp adverse quand il en avait l’occasion. Toujours aux aguets, il profita d’une bourde de Daniel Guzman pour ouvrir la marque par Orji Okwonkwo, bien épaulé par Bojan et Quioto. En milieu de première mi-temps, ce dernier profita d’une belle transversale du Catalan pour s’engouffre dans le dos d’une défense déjà bien haut et filer faire 0-2 ! On croyait rêver…

Cela dit, cette avance de deux buts à la demi-heure avait aussi eu un lourd débours physique puisque le premier buteur de la soirée était sorti sur blessure, tout comme le défenseur central Rudy Camacho. Ce dernier a dû être remplacé par Joel Waterman, un des jeunes arrivés en début de saison, qui devait d’un coup d’un seul franchir le pas entre la CanPL et la Ligue des champions ! C’était, aussi, un indice de la différence de forme entre les deux équipes, on ne peut plus attendu puisque Saprissa, lui, était en plein milieu de sa saison.

Le passage au vestiaire a complètement changé l’allure de la rencontre. L’entraîneur local a à la fois trouvé les bons mots pour requinquer ses troupes, et sorti l’indigent Yostin Salinas, tellement mauvais sur son flanc droit que ses supporters le conspuaient après moins d’une moitié de match. Montréal était sous marée haute, celle de l’océan. Saprissa attaquait par vagues. Diop multipliait les arrêts, Zachary Brault-Guillard effectuait un sauvetage à même la ligne. Physiquement, ça devenait de plus en plus compliqué, Quioto devant à son tour sortir en raison de pépins physiques, source de trois remplacements forcés ne laissant aucune latitude tactique.

Les dix dernières minutes furent un véritable enfer. L’ancien Montréalais Johan Venegas se fit un plaisir de réduire la marque d’une reprise de la tête. Diop, lui, ne savait plus où donner de la tête tant il devait se multiplier pour repousser les rafales de tirs. Dans la dernière minute du temps réglementaire, il ne put empêcher Rodriguez d’égaliser. 2-2, un score final pour lequel on aurait signé les yeux fermés avant le coup d’envoi mais qui laissait un petit goût amer en raison du scénario du match.

UN 0-0 QUI FAIT BONDIR DE JOIE

Cela dit, au Stade olympique une semaine plus tard, c’est bel et bien Montréal qui était dans la position du qualifié au moment du coup d’envoi. Des blessés de la semaine précédente, seul Quioto était apte au service. En défense centrale, on découvrait un autre jeune inconnu, Luis Binks, alors qu’Okwonkwo était remplacé par Shamit Shome, au profil plus défensif. Cela donnait le ton des intentions locales : attendre son adversaire et miser sur une bonne organisation.

On a ainsi joué 90 minutes quasiment dans un seul camp. Cela dit, si Saprissa s’est procuré quelques occasions en première mi-temps, il a surtout fait tourner le ballon sans trouver de solutions. La seule source d’inquiétude était la vitesse à laquelle il le récupérait. Puis, l’état physique de l’IMFC. En effet, Waterman était monté à la mi-temps pour remplacer le capitaine Jukka Raitala… blessé. Malgré la jeunesse derrière, le fort tenait bon et impressionnait.

Saprissa tentait le plus souvent de combiner par courtes passes en posant son jeu, mais alternait parfois avec de plus longs ballons. Rien n’y faisait, ça ne passait pas. Les visiteurs butaient sur une organisation l’empêchant d’imprimer son rythme. Et les rares fois où ils y parvenaient, le ballon arrivait à un joueur tellement entouré qu’il ne pouvait plus passer. Tout était, chaque fois, à refaire. Les Costariciens ont remis l’ouvrage sur le métier tant et plus, ont pressé leur adversaire, stressé les supporters des deux camps. Encore plus quand il se sont procuré une double occasion à la dernière minute du temps réglementaire. C’était trop peu, trop tard : au coup de sifflet final, le 0-0 fut source d’une explosion de joie dans le stade.

RETROUVAILLES RATÉES AVEC OLIMPIA

En quart de finale, Montréal retrouvait une vieille connaissance : Olimpia, qui devenait à cette occasion le premier adversaire auquel il se mesurait pour la deuxième fois en Ligue des champions. La première constituait un excellent souvenir. Alors en D2, l’IMFC devenait le tout premier représentant du Canada dans la compétition nouvelle formule et plongeait dans l’inconnu. En phase de groupe, il s’est imposé 1-2 au Honduras après avoir ouvert la marque en tout début de match dans un stade survolté et avoir provoqué l’exclusion de deux adversaires dans les dernières minutes. Au stade Saputo, sous les premiers flocons de novembre, le partage 1-1 a été synonyme de qualification mathématique pour les quarts de finale, avec au programme les duels doublement mémorables contre Santos Laguna.

Depuis lors, le soccer de club hondurien a régressé. Ce n’est quand même pas l’adversaire éliminé par l’IMFC version D2 qui pourrait le terrasser maintenant qu’il est en MLS ? Il y a, néanmoins, un avertissement entouré de rouge dès le départ : en huitième de finale, Olimpia a sorti Seattle. S’il est intrinsèquement moins fort que Saprissa, il est, lui aussi, capable de tenir la dragée haute à des équipes évoluant dans des championnats plus huppés. Méfiance, donc…

Cela dit, le moral était au beau fixe. Le coup d’envoi du championnat avait été donné après le 0-0 contre Saprissa, et cela avait on ne peut mieux commencé, avec une victoire au Stade olympique contre New England, suivie d’un partage à Dallas. Avec ce brevet d’invincibilité en quatre rencontres officielles, dont deux contre un solide adversaire sur la scène continentale, le début de saison était réussi, surtout pour une équipe partant sur de nouvelles bases. Cela dit, les éclopés n’étaient toujours pas bons au service, mais l’équipe pouvait compter sur un renfort fraîchement débarqué de Tottenham : Victor Wanyama, un des meilleurs médians défensifs de Premier League anglaise seulement quelques saisons auparavant.

Restait à assembler toutes les pièces du puzzle, ce qui n’était pas simple dans l’axe de l’entrejeu, pour associer le nouveau venu à Samuel Piette, qui occupait le même rôle jusque-là, et Taïder. Du coup, Henry a dérogé à son système habituel, rebrassant les cartes et alignant, entre autres, deux attaquants. Dès le quart d’heure, le match a pris une tournure inattendue : alors que les visiteurs pensaient subir un coup dur lors de leur sortie de leur gardien sur blessure… ils ont profité de l’inattention de l’IMFC lors du remplacement pour partir ouvrir la marque !

Jouant les premiers rôles dans son championnat, Olimpia y développe un style inhabituel pour un ténor : c’est en contre-attaque qu’il est le plus productif offensivement, et il peut laisser son adversaire venir poser son jeu dans sa moitié de terrain et rester en place défensivement sans trop de craintes. Étonnant à première vue, mais très utile sur la scène internationale (nous y reviendrons). Tout ça pour dire que la configuration de ce début de rencontre lui convenait on ne peut mieux. Tant et si bien qu’avant la mi-temps, dominée par des Montréalais rarement à moins de 40 mètres du but adverse, c’était 0-2 sur… contre-attaque.

Voyant leur hôte n’exploitant aucunement leurs faiblesses défensives et leur laissant à loisir faire parler ses forces offensives, les Honduriens pouvaient jubiler de ce scénario qu’ils n’auraient même pas imaginé dans leurs plus beaux rêves. Ne le cachons pas : l’IMFC passait à côté de son sujet pour la première fois de la saison. Il a toutefois repris espoir après le repos, réduisant l’écart grâce à une fusée de Taïder, l’un des plus beaux buts, esthétiquement parlant, de l’histoire du club. Intrinsèquement supérieur, Montréal a alors pris le dessus, s’est créé des occasions, aurait souhaité un penalty, mais a aussi eu des sueurs froides sur l’un ou l’autre contre adverse. Plus rien ne changera au marquoir, en panne de chrono : 1-2, score final.

UNE PANDÉMIE QUI CHAMBOULE TOUT

L’ambiance au Stade olympique était très particulière, et pas en raison du rendez-vous international qui a toujours son lot de charme. Un mystérieux virus commençait à faire des siennes au pays. Des messages avec des recommandations officielles étaient affichés dans les ascenseurs, on se saluait d’un coup de coude au lieu de se serrer la main, mais on n’était pas encore conscient de ce qui allait se produire. À peine une semaine plus tard, la pandémie mondiale était déclarée et le Québec entrait en confinement. Le soccer, lui, s’arrêtait pour quatre mois dans notre coin du monde…

La suite de la saison, vous vous en rappelez (ou vous vous en doutez si, par chance, ce texte survit tellement longtemps que vous n’avez pas souvenir de cette année 2020), fut pour le moins chaotique. Interruptions de saison et quarantaines à tout va, reprise du championnat en “bulle” avec toutes les équipes réunies à Orlando, phase suivante entre équipes canadiennes (ou américaines) seulement, stades complètement vides ou presque, et obligation pour les clubs canadiens de jouer leurs rencontres de MLS à domicile… aux États-Unis. On pouvait quand même s’estimer heureux d’avoir pu regarder du football à la télévision et qu’au bout du compte, moins d’un tiers de la saison n’ait été annulé. Mais les conditions de travail pour les joueurs et l’encadrement étaient on ne peut plus compliquées, encore plus pour une équipe qui met en place un nouveau style de jeu.

Le quart de finale retour de Ligue des champions a, bien entendu, été reporté. D’autant qu’avec la fermeture des frontières, ou les conditions strictes d’entrée dans certains pays, l’organisation de compétitions internationales était rendue plus compliquée. Pour le reprogrammer, il fallait en outre tenir compte de l’horaire de tous les championnats nationaux des clubs encore en lice. Et avec tout le retard à rattraper, le calendrier était pour le moins chargé… La Concacaf a finalement décidé de rassembler les dernières équipes en lice à Orlando du 15 au 22 décembre.

Entre temps, la saison de MLS avait pris fin. Éloignés de leurs familles pendant de longues périodes, les joueurs montréalais ont souvent exprimé leurs difficultés à vivre à l’hôtel quasiment à temps plein, à toujours être ensemble – pas qu’ils ne s’aimaient pas, mais surtout car ça n’aidait pas à se changer les idées après un match difficile – et les résultats s’en ressentaient. Tant et si bien qu’à un match de la fin de la saison régulière, ils occupaient la dernière place qualificative pour la phase finale avant de se rendre à DC United qui, après avoir limogé son entraîneur Ben Olsen, effectuait une remontée spectaculaire.

Une victoire assurait la qualification, les autres résultats la compliquaient sérieusement. Et après la défaite lors du match précédent contre Orlando, les dirigeants sportifs ont pris la décision d’annuler le court retour au Québec qui était prévu et de faire rester tout le monde aux États-Unis pour préparer le duel décisif. De Montréal, on sentait le ras-le-bol à distance, l’envie de retrouver les siens après une saison très difficile moralement. Et pourtant, c’est bel et bien le désir de jouer, bien, et de gagner qui a pris le dessus : contre vents et marées, Quioto et ses partenaires se sont imposés lors d’un match très difficile dans la capitale américaine, avant de tomber dans les tout derniers instants du premier tour de la phase finale à New England.

Si la manière ne laissait planer aucun doute sur l’état d’esprit, encore fallait-il aussi garder la forme. Alors que cette élimination tombait un mois avant le match retour contre Olimpia, l’adversaire hondurien, lui, continuait de jouer régulièrement dans son championnat et d’empocher les points. Au moment de partir pour Orlando, il respirait la forme, restant sur 14 rencontres sans défaite depuis le début de sa saison !

Au moment de partir pour Orlando, les points d’interrogation étaient nombreux dans les rangs montréalais. Une clause pour le moins bizarre dans la convention collective de l’association des joueurs permettait aux joueurs dont l’option n’avait pas été levée pour la saison suivante ou dont le contrat n’avait pas été prolongé (mais était toujours en vigueur…) de ne pas accompagner l’équipe ! Ainsi, Bojan préféra prendre l’avion pour l’Espagne, au contraire, par exemple, de Jackson-Hamel, qui savait pourtant que le club ne compterait ensuite plus sur lui. Ajoutez à cela une longue liste de blessés, et quatre jeunes du club ont été promus en équipe première afin de faire le nombre.

LA VICTOIRE, L’HONNEUR, MAIS LA FIN DU PARCOURS

À toutes fins pratiques, Thierry Henry disposait de 13 joueurs suffisamment expérimentés pour les 11 places de titulaire. Le banc était pour le moins tendre, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais avant le match, les Montréalais avaient dit qu’ils tenteraient le tout pour le tout et essayeraient de marquer d’emblée. Ça s’est vu : ils ont directement pris l’initiative, face à un adversaire toujours aussi à l’aise défensivement.

L’autre défi, en plus de remonter le retard de l’aller, était de gérer la différence de condition physique. Et il a été on ne peut mieux réussi. Régulièrement, on sentait les Montréalais baisser de régime. Eux aussi, visiblement. Et ils se sont alors à chaque fois adaptés, pour reprendre des forces et repartir du plus belle une fois requinqués. Cela dit, au repos, le score était toujours vierge.

À la reprise, Montréal a géré ses forces différemment, montant en régime petit à petit pour atteindre son pic aux alentours de l’heure de jeu, moment où Amar Sejdic a ouvert la marque. Dès lors, Olimpia a décidé de fermer le coffre-fort et de jeter la clef. Tous les angles étaient bouchés, il n’y avait plus rien à faire : aussi honorable qu’elle soit, cette victoire 0-1 n’empêchait pas l’élimination et la fin de parcours.

Olimpia, lui, devait se mesurer à Tigres en demi-finale. S’il s’est sans surprise incliné 0-3 face aux Mexicains, largement favoris, ces derniers ont dû leur salut à un penalty stupide dans les tout derniers instants de la première mi-temps, leur permettant d’ouvrir la marque et de finir le match à 11 contre 10. Ils ont cependant buté sur la défense adverse durant toute la deuxième mi-temps, et donné au score son allure définitive sur un autre penalty un peu bête et un but contre son camp. Son style particulier pour une équipe qui joue les premiers rôles en championnat permet à Olimpia de ne pas être déboussolé en Ligue des champions face à des adversaires qui lui sont supérieurs. Dès lors, il faut reconnaître sa part de mérite dans sa qualification pour le carré d’as.

Quant à Montréal, il a finalement payé au prix fort un seul match raté, l’aller contre Olimpia. En dehors de cela, il a partagé l’enjeu chez l’ogre de Saprissa alors qu’il était hors-compétition et avait peu de repères avec son nouvel entraîneur, a fait preuve d’une très bonne organisation au match retour contre les Costariciens malgré plusieurs absences importantes, et s’est imposé lors de son dernier rendez-vous, dans des conditions pour le moins particulières à Orlando.

Difficile de savoir si, au bout du compte, ce parcours laisse ou non un goût de trop peu. Cela dit, comme à chaque fois, ce sont les délices de la scène internationale qu’il convient de savourer car les absences prolongées, malgré le fait que les clubs canadiens qui peuvent sérieusement prétendre y monter sont peu nombreux, prouvent qu’on ne sait jamais quand on aura l’occasion de danser une prochaine fois au bal des champions.

 

 
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