Du fond du trou au sommet : 2009 vu par Marc Dos Santos

Publié le 8 mars 2014

 
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1994, 2004, 2009 : Montréal a été titré dans le championnat où il évoluait il y a 20 ans, 10 ans et 5 ans. Pour fêter cela – et aussi la nouvelle version du site, sur laquelle une section est consacrée aux grands moments de l’histoire du club – notre collaborateur Martin DesGroseilliers a rencontré Marc Dos Santos, entraîneur de l’équipe en 2009, qui revient sur la saison, ses moments difficiles et ses joies suprêmes.

Est-ce qu’il y a selon toi un lien entre le match contre Santos Laguna au Mexique et le début de saison difficile ?

C’est certain qu’il y a eu un lien du point de vue du mental. On nous en parlait tout le temps, particulièrement après chaque résultat négatif. Certains joueurs étaient affectés inconsciemment. Par exemple, un gros doute s’installait dans l’équipe lorsque l’on prenait un but. Le talent était là, la qualité des joueurs était là, mais après Santos Laguna, l’effectif a connu un gros trou au niveau mental. On croyait vraiment pouvoir atteindre la demi-finale après le match à Montréal. Mais tout ce que l’on a construit durant le championnat du Canada et les matchs de Ligue des champions s’est écroulé en trois minutes au Mexique. Tout a été détruit, et ceci a eu un effet sur les joueurs, surtout dans leur subconscient.

Lorsque tu as remplacé John Limniatis, qu’as-tu changé et as-tu justement travaillé l’aspect mental des joueurs et du groupe ?

John et moi avions la même vision, on a construit l’équipe ensemble. Puisque nous avions déjà travaillé ensemble au Lac St-Louis, nous avions une certaine dynamique. Après ce creux (la défaite au Mexique), le doute s’est installé. Suite au départ de John, Andrea DiPietrantonio et moi nous sommes dit que l’on croyait au travail qui est fait à l’entraînement, que l’on croyait aux joueurs. À court terme, nous avons continué ce travail. Mais il fallait ramener ce groupe à croire en ses capacités. On a donc passé beaucoup de temps à travailler l’aspect mental, aux niveaux individuel et collectif. Nous avons expliqué aux joueurs que c’est le même groupe qui a rêvé à la demi-finale de la ligue des champions et qu’il fallait qu’ils acceptent de croire qu’ils avaient toutes les qualités pour bien faire en USL.

Qu’avez-vous fait plus concrètement ?

Nous avions par exemple placé dans le vestiaire une affiche de la coupe de la USL avec inscrit dessus l’année 2009 et la date de la finale. Je pense que ceci a donné une force interne aux joueurs, et ils ont commencé à croire que c’était possible. Nous avons également fait quelques présentations PowerPoint sur la motivation. Nous avons énuméré quelques exemples de grands hommes qui ont échoué avant de connaître beaucoup de succès, comme Bill Gates, Walt Disney. Puis on a gagné un match, un deuxième, puis un autre, et nous avons grandi. Lorsque la confiance est revenue, nous sommes redevenus le même Impact que celui qui s’est rendu aussi loin en Ligue des champions. Et je savais que nous allions devenir imbattables.

Comment t’a-t-on offert le poste d’entraîneur ?

Nick (De Santis) a cru en moi lorsqu’il m’a offert le poste d’entraîneur de l’Attak de Trois-Rivières en 2007, puis ensuite celui d’adjoint avec l’Impact en 2008, et nous avons développé une belle complicité. Il me parlait souvent du fait que je grandissais et qu’il me voyait un jour entraîneur de l’Impact. Après le premier match contre Toronto, il m’a téléphoné et j’ai été surpris lorsqu’il m’a dit qu’il voulait faire un changement d’entraîneur. Ce fut très difficile pour moi car j’étais déchiré entre rester fidèle à John et penser à ma famille et à ma carrière. J’ai parlé à John et je lui ai dit que c’était pour moi une occasion que je ne pouvais pas manquer. C’était inconfortable car il devait partir et je devais prendre la relève. Mais j’ai dit à Nick que j’étais prêt et que je voulais le poste.

Quelle est la première chose que tu as dite aux joueurs lorsque tu les as vus pour la première fois ?

Je leur ai parlé de l’ambition que j’avais lorsque j’ai accepté le poste. Je leur ai mentionné que je n’aurais jamais accepté d’être entraîneur d’une équipe qui doute et qui est dans un creux si je n’avais pas 100% confiance qu’il était possible de faire quelque chose de grand ensemble. Puis j’ai conclu en disant que la construction de ce quelque chose de grand allait débuter dès aujourd’hui.

Le moment le plus difficile pour toi a sans le moindre doute été le deuxième match contre Toronto. Avec le recul, comment analyses-tu ce match et tout ce qui a suivi ?

Lorsque l’on a été éliminé du championnat du Canada, il était extrêmement clair dans ma tête que le focus devait être à 100% en USL car je croyais que l’on pouvait être champion. J’en ai parlé aux joueurs. Je leur ai dit : « C’est vrai que l’on joue contre Toronto à la maison, mais voici ce que je crois. » Ils étaient tous d’accord. Ça me brisait le cœur de ne pas pouvoir mettre sur le terrain la meilleure équipe possible contre Toronto, mais nous étions tellement certains de nos priorités. Il fallait absolument battre Vancouver deux jours plus tard à la maison car nous luttions pour une place en séries. J’aurais pu être égoïste et ne pas penser au bien de l’équipe à long terme, mais la priorité étant en USL, j’y ai mis toutes mes cartes. Je savais que ça pouvait peut-être aller mal, que je pouvais me faire crucifier, mais je m’en foutais car la priorité était l’équipe et non mon confort. C’est drôle car nous avons terminé un point devant Vancouver, ce qui a permis à Montréal d’avoir le match retour de la finale à la maison, dans ce qui a été un superbe après-midi pour la ville, le club et les supporters. Ceci fut uniquement possible parce que nous avions battu Vancouver, peut-être grâce à cette décision de reposer des joueurs contre Toronto. C’est vrai que je vais toujours vivre avec ce 1-6 contre Toronto, mais je n’ai aucun regret, c’est même l’une des décisions dont je suis le plus fier.

En quart et en demi-finale, vous avez respectivement joué contre Charleston et Puerto Rico. Durant la saison, vous aviez fait deux matchs nuls et perdu une fois contre Charleston et encaissé trois revers contre Puerto Rico. En somme, vous n’aviez gagné aucun des six matchs contre eux. Puis vous les avez battus 4-1 et 4-2, respectivement. Que s’est-il passé ? Comment l’expliques-tu ?

À travers la croyance que l’on avait dans le travail qui était fait à l’entraînement, on a développé la confiance et le mental. Il y a aussi le fait que durant la première moitié de la saison, il n’y avait jamais eu de constante dans l’équipe de base. Il y a eu beaucoup de changements. Suite au doute de la Ligue des champions, on se cherchait. Le onze de départ changeait d’un match à l’autre. Après une dizaine de matchs, nous avons commencé à trouver les titulaires indiscutables, et ces derniers ont commencé à grandir ensemble. Les joueurs savaient exactement quoi faire. À mesure que le onze devenait stable, il gagnait des habitudes. Et je crois beaucoup à deux formes d’habitude : à travers l’entraînement et à travers le jeu lorsqu’une équipe a un onze de base qui ne change pas beaucoup. C’est tout ça qui nous a amenés à être prêts pour les séries avant même qu’elles ne débutent.

Avez-vous fait quelque chose de particulier afin de motiver les joueurs en vue de la phase finale ?

On a continué l’aspect motivationnel. Tous les matchs, même ceux avant, étaient préparés à la loupe. Nous connaissions nos adversaires à fond. Nous avions préparé tous les matchs comme s’il s’agissait de la finale de la Ligue des champions. Je crois que ceci a grandement aidé les joueurs. La seule chose différente que nous avions faite était un montage vidéo super émotionnel que l’on a présenté aux joueurs. Une vidéo qui montrait toutes les choses négatives de l’année, c’était donc des images tristes, et après il y avait des séquences positives : des buts marqués, l’équipe qui grandit, qui se solidifie, et ça finissait par une question : Comment allez-vous terminer cette histoire ? Nous avons fait la présentation tactique de l’adversaire à l’hôtel le soir avant la finale, car je ne voulais rien dire le jour du match. Après l’échauffement, j’ai simplement demandé aux joueurs s’ils avaient des questions par rapport à ce dont on avait discuté la veille au soir, puis nous avons présenté la vidéo (juste avant qu’ils entrent sur le terrain pour le début du match). Je ne sais pas s’il y a eu un effet ou non, mais nous avons marqué trois buts en première mi-temps…

À la pause du deuxième match de la finale, c’était 6-3 au total des buts et Vancouver jouait avec un joueur en moins. Quel fut ton message aux joueurs ?

J’ai toujours eu l’habitude de laisser cinq minutes aux joueurs pour se détendre, boire de l’eau, changer de bas et de maillot, discuter entre eux. Pendant ce temps-là, je discutais avec Andrea (DiPietrantonio) dans mon bureau à propos des ajustements tactiques, des changements, du message aux joueurs. Mais là, je me disais qu’avec trois buts d’avance et un joueur en plus, et en considérant la façon dont le match se déroulait et la manière dont les équipes jouaient, qu’il était impossible pour Vancouver de revenir dans le match. Nous allions être champions 45 minutes plus tard. Par contre, je devais passer le message aux joueurs que ce n’était pas terminé. Ironiquement, le but de Touré à la 44e minute a été très positif dans cette optique. C’était 6-2 et ils ont marqué alors qu’ils étaient à 10. Je me suis servi de ce but pour être très dur avec les joueurs en leur disant que ce n’était pas fini, qu’il y a parfois des miracles dans le soccer, etc. Le discours a été dur afin de les garder en éveil, mais j’ai conclu en disant que si on fait ceci et cela, il allait y avoir une fête dans ce vestiaire 45 minutes plus tard.

Qu’est-ce que ce championnat a changé pour toi personnellement ?

Je suis extrêmement fier d’avoir fait partie des acteurs qui ont permis au club de remporter un autre championnat. Ce fut une grande satisfaction. Au niveau matériel, ça n’a rien changé. Mais en gagnant un titre comme ça, c’est certain que ça va m’ouvrir des portes dans le futur…

Que t’ont dit Joey (Saputo) et Nick (De Santis) après le match ?

Les deux étaient très émus, ils m’ont remercié et m’ont dit beaucoup de choses. L’Impact est un club passionné et latin. Il est passionné et latin quand l’équipe gagne, mais aussi quand l’équipe perd. C’est un club que j’aime beaucoup. Ce furent des moments très riches. Nous avons eu une semaine remplie de fêtes, c’est là que j’ai réalisé ce qu’était gagner un championnat à Montréal.

Martin DesGroseilliers
 
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