La preuve par trois

Impact Montréal - Vancouver Whitecaps 0-0 – Match de championnat (phase classique) joué le 01/06/2007

 
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MONTRÉAL : Jordan, Gatti, Arango, Fronimadis (90e Aaboubou), Vincello, Leduc, Zé Roberto, Fabro (84e Matondo), Di Lorenzo, Gbeke, Palleschi (75e Moojen)

VANCOUVER : Caig, Klein, Cann, Kindel, Tchoumie (75e Martin), Clarke, Donatelli (86e Morris), Valente (53e Testo), Bailey (53e Alberts), Gjertsen (81e Johnston), Sebrango

ARBITRE : M. Scali

AVERTISSEMENT : Cann


Si le match entre Montréal et Vancouver, sauf par trop brefs moments, n’a guère été spectaculaire, il était quand même d’un meilleur niveau que celui contre Miami et a surtout été riche en enseignements pour le staff technique montréalais.

À l’issue de la rencontre, je me suis dit que c’était vraiment dommage que l’effectif n’était pas au complet. Car les deux équipes ont joué comme on pouvait le prévoir et on a pu se rendre compte du travail offensif à effectuer si on veut être champion. Derrière, c’est tellement plus difficile à dire quand aucun des 4 postes de la défense n’est occupé par son titulaire habituel…

C’est d’autant plus dommage que Nick De Santis semble avoir trouvé son occupation de terrain et les onze joueurs qui entrent dans ce schéma. Un test grandeur nature contre le champion en titre, jouant avec ses meilleurs atouts aurait donc été d’autant plus enrichissant (l’absence de Nash est d’ailleurs tout aussi dommage à ce titre). C’est que sur les 11 joueurs alignés d’entrée de jeu par Bob Lilley, ils n’étaient que deux à ne pas défendre les couleurs de Vancouver l’an dernier (Tchoumie et Bailey).

L’entraîneur des visiteurs, que l’on connaît très bien ici, avait donné pour consigne à ses hommes de ne pas prendre le moindre risque. Et les 4 défenseurs étaient toujours placés en conséquence. Le nôtre, et ses joueurs bien entendu, devait trouver la parade dans des conditions pas toujours faciles.

Derrière, Vincello a montré qu’il était une excellente solution de rechange dans l’axe, même s’il est évidemment beaucoup plus utile sur le flanc. Arango a mis Sebrango hors d’état de nuire (et gagné son duel à distance avec Cann) alors que Gatti et Fronimadis ont fait de leur mieux sur les côtés où ils devaient d’abord défendre mais où ils étaient le seul apport offensif sur les flancs.

En effet, c’est sur les ailes, au milieu, que le bât à principalement blessé pour nos couleurs. Encore une fois, Biello a cruellement manqué et les qualités de Ribeiro, même si De Santis ne semble jamais vouloir l’y aligner, auraient pu apporter quelque chose aussi. Quant à Palleschi, il fait preuve d’abnégation mais doit encore manger des tartines pour briller dans un tel sommet.

Zé Roberto a beaucoup travaillé, beaucoup couru mais a été trop rarement efficace avec le ballon. On ne peut cependant pas lui reproché d’avoir tenté de gêner autant que possible les visiteurs. Quant à Leduc, il était en position très reculée, pour empêcher tant que possible la transition entre l’entrejeu et l’attaque adverses.

Principale victime de tout ça : Fabro. Tenu à l’œil de très près par des joueurs de Vancouver qui savaient ce dont il est capable, Leduc était trop loin de lui et Zé Roberto, capitaine d’un soir, n’avait encore pas du tout ses marques avec l’Argentin. Du coup, ce dernier a paru très effacé.

L’essentiel de la créativité a donc reposé sur les épaules de Di Lorenzo qui, s’il a encore distillé quelques passes décisives, a donné un nombre trop important de ballons à l’adversaire. Gbeke était pas mal seul devant et a fait de son mieux, mais ce n’était pas simple. On peut quand même une nouvelle fois lui tirer notre chapeau.

Tout cela semble négatif, à première vue. Mais il ne faut pas le prendre comme ça, car il faut rajouter l’ingrédient primordial dans tout ça, et que l’on oublie trop souvent : l’adversaire. Si on n’a pas su faire grand-chose du ballon, c’est bien la qualité du jeu défensif de Vancouver qui en est en grande partie responsable. Et c’est donc bien là que nous devrons progresser dans les semaines et mois à venir. Merci à elle d’avoir joué comme ça, a nous a permis d’apprendre où effectuer des progrès !

Ça a donné un match de D1 des USL dans ce que cette division a de moins agréable, mais un style qui lui est propre : on ne sait pas qui domine, les occasions ont toutes l’impression de tomber par hasard et une défense solide prend le dessus facilement.

Pour la passer, nos joueurs s’y sont pris de trois manières. La première, signe de grande confiance ou de désespoir : les tirs de loin. Quand on ne parvient pas à faire autrement, on peut essayer de temps en temps. Car si on ne tire pas, on ne marquera de toute façon jamais… Et il n’y a pas eu abus, mais ce ne fut jamais réellement dangereux pour Caig.

On pense ici au tir bondissant de Leduc au quart d’heure, au tir de Gbeke à l’heure de jeu ou encore à un envoi écrasé de Palleschi peu avant son remplacement. Dans les arrêts de jeu, une frappe puissante de Leduc fut la principale - et seule véritable - menace dans ce registre.

Il y a aussi eu les coups de pieds arrêtés. Là, le danger fut plus précis. Mais pas assez pour tromper à la fois la défense et le gardien Caig, grand bonhomme de la soirée. Il fut alerté pour la première fois après 10 minutes sur un coup franc direct de Di Lorenzo au premier poteau mais, bien placé, il se coucha aisément sur le ballon.

Il y eut surtout le dernier corner, alors que les 4 minutes d’arrêts de jeu venaient d’être dépassées, botté par Di Lorenzo, dévié par Aaboubou vers Gbeke, en duel avec Caig, et qui finit sa course sur la transversale avant de revenir à Aaboubou dont la reprise de la tête fut dégagée par une spectaculaire tête plongeante de Testo.

Et puis, il y a eu les actions construites. Celles qui ont montré que pour franchir une telle défense, il faut réussir au moins trois gestes offensifs consécutifs, et surprendre le gardien. Trois gestes de suite, ce fut malheureusement trop rare et c’est bien ce qu’il faut travailler. Mais on y est quand même arrivé l’une ou l’autre fois, et les plus dangereuses de ces actions a en outre eu un petit plus qui lui a donné davantage de saveur.

La première, et la plus belle du match, après 20 minutes fut amorcée par une superbe transversale de Gbeke. Celle-ci a renversé le jeu, obligé les joueurs de Vancouver à traverser le terrain en largeur (leur déplacement est assez explicite sur les images tv) et ouvert un très bel espace à Fronimadis. Celui-ci a vu sa passe arriver à Palleschi qui a surpris de ses adversaires avant de centrer pour Gbeke dont la reprise de la tête heurta la transversale. Là, on a même eu besoin de 4 gestes offensifs consécutifs réussis.

Il fallut attendre près de 20 minutes supplémentaires pour revoir trois joueurs de suite réussir leur travail offensif. Une petite prouesse technique de Gatti (est-il réellement un défenseur ?) pour passer Bailey, un contrôle puis un centre de Di Lorenzo et une reprise puissante de Gbeke. Mais trois, c’est suffisant pour passer la défense, pas le gardien : Caig a sur ce coup étalé toute sa classe et effectué un arrêt exceptionnel.

Autre mouvement digne d’être mentionné, même s’il fut moins spectaculaire, celui de la 53e minute. À l’origine de celui-ci, Di Lorenzo, cette fois rendu sur la droite. Pendant qu’il mobilisait les joueurs de flanc adversaires, Fronimadis s’isolait bien derrière lui. L’Argentin lui passa le ballon, le défenseur centra pour la tête de Gbeke, qui envoya au-dessus. Il aurait réussi ce… troisième geste, c’eût été une autre occasion.

À cette liste, on peut souvent rajouter l’erreur de la défense adverse. Oui mais voilà, Bob Lilley et ses hommes n’ont effectué aucun cadeau et sont partis avec le score voulu, celui qui ressemble aux lunettes de l’entraîneur de Vancouver…

Ils auraient aussi pu repartir avec les trois points car ils se sont créé quelques occasions. La plus action de jeu est partie d’une belle transversale de Kindel, à 10 minutes du terme, vers la droite où se trouvait Alberts. Il trouva Testo, seul dans l’axe, qui prolongea vers Gjertsen, encore plus seul sur le côté gauche. D’un tir croisé et placé, il obligea Jordan à effectuer une belle déviation. Une nouvelle fois, 4 gestes constructifs de suite… Mais les visiteurs n’y sont parvenus qu’une fois.

Sur coup de pied arrêté, on l’a aussi échappé belle. Il restait trois minutes à jouer quand un corner de Clarke trouva la tête de Cann qui plaça le ballon au premier poteau. Di Lorenzo, qui s’en chargeait, avait bien gardé sa position et dévia le ballon de la tête sur le montant du but avant de dégager en catastrophe sous le nez de Testo qui était à l’affût.

Plus classique, en début de match, un coup franc de la droite de Valente déposé sur la tête de Sebrango dont la reprise termina dans les bras de Jordan.

Il y eut aussi péril en la demeure en milieu de deuxième mi-temps quand Vancouver bénéficia de trois corners consécutifs. Aucun d’entre eux ne donna une occasion mais on sentit quelques gestes de panique dans la défense montréalaise.

La défense montra quelques signes de fébrilité aussi à la 18e suite à un centre de Tchoumi repoussé par Arango : tout les montréalais regardèrent passivement le ballon, qui arriva à Gjertsen, pas vraiment tenu. Mais son tir prit la direction des arbres…

Il n’y a pas à dire, Jordan a eu beaucoup moins de travail que Caig. Avec une défense remaniée, une équipe dont de nombreux éléments n’ont qu’une dizaine de matches ensemble, c’est très positif. Et en plus, on a eu droit à un match instructif sur les progrès à effectuer. Quand on sera capables de gagner ce match, et on n’en était pas loin, on aura le titre dans les pieds !

 
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