Deux jours après le dernier match : il n’a pas fallu attendre longtemps cette saison pour que le club dresse son bilan. Cette année, pour une première fois, l’entraîneur et un dirigeant étaient à la même table. En effet, Frank Klopas et Richard Legendre ont ouvert le bal, avant que les joueurs ne passent tour à tour. L’intégrale vidéo de la conférence de presse se trouve
ici, mais en voici les faits saillants.
Bilan de Frank Klopas
“Pour moi et l’équipe, ce fut une saison difficile. Dès que tu commences quelque chose, tu te fixes des buts, tu veux gagner quelque chose. Objectivement, nous n’avons pas su atteindre ces objectifs. La deuxième partie de la saison a été meilleure, mais pas suffisamment bonne pour atteindre les objectifs.” “Mais je suis quelqu’un d’optimiste qui pense que dans les moments difficiles, tu as l’occasion de devenir une meilleure équipe, une meilleure personne, un meilleur entraîneur. Ce fut une saison difficile pour moi et pour tout le monde, mais durant laquelle j’ai grandi et appris de certaines erreurs.”
“Au bout du compte, ce sont les résultats qui déterminent le tout, et ils n’ont pas été là. Dans certaines situations, nous n’avons pas été performants. Et même si la deuxième moitié de saison a été bonne, elle ne l’a pas été suffisamment. Il reste beaucoup à faire pour jouer selon les capacités que nous avons.”
Un point positif et une victoire qui n’en semble pas tout à fait une
“La victoire en Coupe du Canada et notre parcours en Ligue des champions sont des points très positifs. Mais le plus important est d’être constant, de disputer la phase finale et d’avoir la possibilité de gagner quelque chose.”
Frank Klopas et le travail à faire d’ici le début de la saison prochaine
“ Il y aura beaucoup de gros travail durant l’entre-saison pour vraiment réaliser une évaluation de haut en bas : de l’équipe, de nous, du staff, afin de voir ce que nous avons mal fait, ce dont nous pouvons apprendre afin d’effectuer les ajustements corrects.”
“L’important actuellement est d’évaluer toute la saison, les bons et mauvais points, l’effectif, où nous en sommes par rapport au budget salarial. Il n’y a que quatre joueurs en fin de contrat. Il y aura des changements, c’est certain, ils sont nécessaires pour que l’équipe s’améliore. Mais il faut aussi de la continuité.”
Frank Klopas se fait demander pourquoi le club devrait le garder
“ J’ai fait mes preuves en MLS. Si vous voyez mon expérience comme directeur sportif, j’ai été très bon pendant 5 ans. Quand je suis devenu entraîneur, même si je ne le souhaitais pas forcément, j’ai senti que c’était le moment pour faire le pas à Chicago. On aurait pu changer tous les joueurs, mais c’était plus facile de mettre en place un entraîneur qui connaissait les joueurs et croyait en eux.”
“En deux ans et demi à Chicago, j’ai pris une équipe en mauvaise posture et nous avons pris la moitié des points en jeu. L’année suivante, nous avons gagné 17 matches et fait les playoffs. L’année passée, après un mauvais départ, nous avons fait une belle remontée durant la deuxième moitié de la saison et n’avons pas fait les playoffs juste à cause de la différence de buts avec Montréal.”
“J’ai l’expérience de travailler dans la ligue, de connaître les contraintes du budget salarial, de connaître les joueurs. Comme entraîneur, en deux ans et demi, j’ai montré de la constance, j’ai montré que je savais gagner.”
“Mais vous avez raison, et je ne suis pas du genre à blâmer tout le monde. Je suis l’entraîneur et je suis responsable. C’est très bien pour moi que l’organisation ait montré son engagement, car je crois fermement que la continuité est nécessaire pour avoir du succès. Pas seulement avec les joueurs, mais aussi avec le staff. C’est très difficile de changer chaque année. Mais nous sommes dans un domaine où il faut obtenir des résultats, et ils n’ont pas été au rendez-vous. J’en accepte complètement la responsabilité. Maintenant que j’ai le soutien du club, j’ai la responsabilité de trouver les solutions et de prendre les bonnes décisions. Mais partout ailleurs dans le monde, vous avez raison : vous perdez cinq rencontres et vous n’avez plus de continuité. Mais elle est importante pour construire quelque chose.”
L’entraîneur au sujet de son équipe qui n’a pas marquée sur phase arrêtée
“Nous avons travaillé dessus mais parfois il faut la bonne personne pour faire la bonne passe. Nous avons fait des changements. Nous allons continuer de travailler, c’est une partie cruciale du jeu qui peut faire la différence.”
(ceci est résumé, il a beaucoup patiné)
Au sujet de l’équipe qui se faisait souvent remonter au score
“Je ne peux pas blâmer les joueurs car en bout de ligne, c’est moi qui suis responsable de résoudre ces problèmes. Durant la deuxième moitié de saison, cela ne s’est plus produit souvent, nous avons pris des points quand nous les méritions. Les changements que nous avons effectués, la mentalité différente et la continuité ont aidé. Cela reste un problème que nous devons évaluer sérieusement et auquel nous devons trouver des solutions pour qu’il ne se reproduise pas la saison prochaine.”
Note : en deuxième moitié de saison, l’équipe a pris 14 points sur 51, soit autant qu’en première et 4 de moins que lors de la même période en 2013. Le tout avec Piatti, et donc en perdant moins de points bêtement. En occultant la plus mauvaise série de résultats, on se retrouve avec 14 points sur 36, ce qui, reporté sur 17 matches, ferait 20/51.
Ce qui a fait défaut cette saison
Patrice Bernier : “La présence d’Alessandro (Nesta) a manqué. Il y avait son expérience, il était très vocal et extraverti dans le vestiaire. Puis Davy (Arnaud), ce sont des personnalités… quand tu en pers deux. Il y avait aussi un malaise de la fin de la saison passée qu’on n’a jamais réglé.”
Marco Di Vaio : “Il a manqué de la continuité dans le jeu, on a mal commencé. Elle était là dans la deuxième moitié de saison. Le début était difficile car beaucoup de joueurs avec de la personnalité sont partis, et aussi parce qu’on a changé d’entraîneur et il y a eu de nouvelles choses à comprendre. Pour moi, l’année prochaine, l’équipe doit partir plus fort.”
Hassoun Camara : “Ça a été une saison difficile collectivement, très difficile. Pour moi, ça a été très difficile à gérer de voir qu’on ne s’améliorait pas entre ce qu’on a pu faire en début et milieu de saison dernière et ce qu’on a fait cette saison. Le contexte et la situation sportive rendent dur de s’exprimer comme on le veut (…) On s’est dit que la perte d’Alessandro et de Davy n’avait pas été comblée, mais c’était peut-être à nous de montrer la voie. Sportivement, il y a eu des manques aussi.”
L’ambiance dans le vestiaire
Patrice Bernier : “L’esprit d’équipe aurait pu être meilleur cette année. Pas parce qu’il y avait des clans dans le vestiaire, mais parce que c’était une saison difficile. Quant aux joueurs qui se tiennent ensemble, Montréal est une ville cosmopolite et l’équipe le sera toujours aussi.”
Issey Nakajima-Farran : “Je ne vois absolument pas de problème de leadership dans cette équipe. Il y a beaucoup plus de diversité dans ce groupe que dans ceux que j’ai côtoyé avec mes équipes précédentes. Ce qu’il se passe à l’entraînement et dans le vestiaire se reflète sur le terrain, il y a de nombreuses controverses à régler. J’estime que nous ne sommes pas aussi collectifs que nous le devrions. Mais il suffit parfois d’activités de groupes en dehors du terrain d’entraînement. C’est vraiment quelque chose à améliorer l’année prochaine.”
Matteo Ferrari, au sujet de sa déclaration de début de saison sur un effectif trop court à ses yeux
“J’avais le sentiment que pour aller plus haut, décrocher une place en phase finale, il fallait des joueurs d’expérience, qui savent quoi faire sur le terrain et prendre les bonnes décisions. Même si la saison ne s’est pas passée comme on l’aurait souhaité, plusieurs jeunes joueurs ont grandi, c’est bon pour le club. Mais je maintiens que pour aller en phase finale, il fallait plus que ça.”
Le remplacement de Marco Di Vaio
Frank Klopas : “Nous avons effectué le changement durant l’année en amenant un jeune attaquant, Jack McInerney. Il a marqué 9 buts sans jouer régulièrement. Les autres joueurs arrivés en cours de saison vont aider. Il ne faut pas concentrer toute l’attention sur un seul joueur, nous en avons quelques-uns capables d’être dangereux en zone de conclusion. Mais nous devons aussi chercher à augmenter nos options.”
Jack McInerney : “Je me vois revenir l’année prochaine. Évidemment, c’est dur de remplacer quelqu’un comme Di Vaio. J’ai beaucoup appris de lui et je pourrai m’en servir. Quand je suis arrivé, Marco Di Vaio était le titulaire indiscutable et on jouait avec un attaquant, je l’ai bien compris. Je préfère évoluer dans un 4-4-2, mais je dois me faire au 4-5-1 qu’utilise l’équipe depuis son arrivée, apprendre où me placer et à défendre différemment. Et puis, j’ai surtout dû jouer des rencontres en déplacement cette saison, alors cela rend injuste certains jugements à mon sujet.”
Issey Nakajima-Farran et son faible temps de jeu
“Le club a demandé à m’échanger, donc j’en attendais plus. L’entraîneur a ses préférences et a pris ses décisions. Mais avec la saison que nous avons eue, je m’attendais à plus d’expériences car il y a du talent dans le groupe. Pourtant, la composition de l’équipe était toujours quasiment la même et prévisible. Les autres équipes ont vu ce que nous essayions de faire et nous ont pris des points (…) C’était bien d’avoir les matches de l’équipe nationale, qui m’ont beaucoup motivé.”
Les jeunes et leur évolution
Wandrille Lefèvre : “Il y a un an, j’avais dit que je serais déçu si je ne jouais pas au moins autant. Mais la saison a été en dents de scie : j’ai joué, j’ai disparu puis j’ai rejoué. C’est positif et j’ai appris beaucoup. J’ai fixé une barre plus haute pour l’année prochaine.”
Karl Ouimette : “Mon poste est défenseur central avant tout, je m’y sens plus à l’aise. À court terme, je peux dépanner sur les côtés. Mais cette saison, j’ai stagné car j’ai joué plus souvent arrière gauche qu’autre chose, ce n’est pas le poste qui me met le plus en valeur.”
Maxim Crépeau : “Je me sens meilleur maintenant qu’en janvier. Je suis rendu à un niveau où il faut que je joue plus, et l’année prochaine je veux en jouer entre 15 et 20, que ce soit avec l’équipe première ou l’équipe réserve.”
Jérémy Gagnon-Laparé : “Ça a été une bonne première saison, j’ai été pas mal sur le terrain, et j’ai saisi ma chance quand on me l’a donnée.”
Calum Mallace : “Ça a été bien pour moi de beaucoup jouer en fin de saison : ça s’est bien passé mais j’ai beaucoup de progrès à faire. Voir que le staff technique me faisait confiance était bon pour la mienne.”
Dilly Duka et le recrutement typique de Frank Klopas
“Ce que Frank a fait quand j’étais à Chicago, il le fait ici aussi. Il y a beaucoup de milieux offensifs et d’ailiers. Il a fait pareil à Chicago. Je pense simplement que c’est son style, je l’ai constaté à Chicago et je le constate ici.”
Les joueurs en fin de contrat
Ils sont quatre : Patrice Bernier, Troy Perkins, Mamadou Danso et Heath Pearce.
L’avenir de Patrice Bernier
Frank Klopas : “Bien sûr, je veux que Patrice continue à faire partie de cette organisation.”
Patrice Bernier : “Je suis venu pur faire partie de ce projet et le travail n’est pas fini. Je ne me suis jamais mis dans la tête que je ne serais pas là l’an prochain.”
L’avenir de Troy Perkins
Frank Klopas : “Il faut évaluer la situation, notamment en ce qui concerne les questions de budget salarial, et parler avec le joueur. C’est un bon gars, un pro.”
Troy Perkins (visiblement irrité) : “Je ne pense pas que je méritais le blâme pour les contre-performances en début de saison, mais il a été mis sur moi. Ma famille et moi nous sentons bien ici mais je ne retournerais pas à un endroit où je ne suis pas désiré. Je ne sais pas si le club me veut : un jour c’est oui, un jour ils ne savent pas, un jour ils disent qu’ils vont parler à quelqu’un d’autre. Et puis, ce sont des mots, tant qu’il n’y a pas d’actes je ne peux rien dire.”
Questionné au sujet de la relation entre les deux premiers gardiens, Evan Bush a expliqué que celle-ci était au beau fixe et que les deux familles avaient même des activités ensemble.
L’avenir d’Andres Romero (actuellement en prêt) et sa meilleure saison
“Je veux et je pense que je vais rester ici. Il ne reste que quelques détails à négocier.”
“Ma meilleure saison s’explique parce que je n’avais plus à m’adapter à la MLS et parce que ma famille était près de moi.”
L’avenir d’Hassoun Camara
“Il y a un travail à faire avec le club et avec le staff. À partir de là, on verra de quoi l’avenir sera fait
(insiste beaucoup sur ce point). Oui, j’ai envie d’être de retour, mais il y a des discussions à avoir.”
L’avenir de Gorka Larrea
“Je suis heureux de mes cinq derniers mois et je suis fier de faire partie de cette équipe. J’aimerais continuer à y jouer, je pense que le club va dans la bonne direction et a un bel avenir.”
Richard Legendre à propos de la baisse de fréquentation du stade
“C’est aussi une année décevante du côté des foules : il y a eu une baisse de 15%. On l’a notamment sentie durant la période estivale, durant les trois mois où l’année dernière le stade était quasiment plein à chaque match.”
“Il faut se poser des questions, et on a évidemment commencé à y répondre. Nous devons amener de nouvelles manières de faire. On sait que le potentiel est là, mais nous devons nous reconnecter avec les amateurs de soccer et de sport en général. On va redemander aux abonnés et au conseil des membres ce qu’on peut faire de plus et ce qu’on peut faire de mieux.”
“Pour le toit, une réflexion, ce n’est pas trop coûteux
(rires). Effectivement, c’est quelque chose qu’on peut regarder mais ça représente des coûts énormes.”
“Après trois semaines de renouvellement des abonnements, on est en avance sur les trois semaines de l’année dernière. Mais on sent par ailleurs qu’on doit se reconnecter. Et quel meilleur moyen que le match de Ligue des champions, d’une importance capitale. Pas pour les coffres, mais pour aller chercher le maximum de supporters, qu’on a déjà.”
Richard Legendre et la visibilité du club dans les médias
“Il y a actuellement trois clubs professionnels à Montréal. Parfois, quand on vous lit et qu’on vous écoute, on n’a pas l’impression qu’il y en a trois, on a l’impression qu’il y en a un (…) Je suis d’accord que de notre côté, il y a place à amélioration : comment on se comporte comme organisation, pas seulement côté administratif mais aussi technique. On se doit d’être extrêmement accessible. On a encore du développement à faire auprès des amateurs. Bien qu’on ait plus de 20 ans, c’est notre troisième année en MLS et il ne faut pas perdre de vue qu’on est encore tout jeune. Il faut qu’on fasse le maximum pour être irréprochable. On a des mea culpa à faire, des choses à améliorer. On va les améliorer et j’espère que ça va améliorer la couverture.”
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