Ce mercredi matin, l’état major du club faisait son bilan de la saison 2012. Joey Saputo lui a même décerné une note, pour l’ensemble de l’œuvre : 7,5/10. Mais ce qui m’a particulièrement marqué, c’est que la discussion a beaucoup porté sur la saison à venir et que les questions furent plutôt rares au sujet de 2012, dont certains protagonistes parlaient même comme de l’an dernier.
Mais commençons par revenir sur l’exercice écoulé. Dans l’ensemble, les objectifs ont été atteints, même si le classement final n’est pas à la hauteur des espérances. On reconnaît bien Jesse Marsch quand il ouvre son bilan en déclarant : “L’énergie, l’effort et l’implication ont atteint un niveau très élevé, et j’en suis fier.” Avant d’ajouter : “Il y a beaucoup de positif de cette saison, mais les attentes devront être plus élevées. J’ai beaucoup appris et je dois faire en sorte que nous soyons bien préparés pour le plus haut niveau.”
Au fait, comment le staff technique évalue-t-il son T1 ? “Pour l’entraîneur aussi, c’était une première année, explique Nick De Santis. Il a bien tenu son groupe et dans l’ensemble, je suis satisfait car nous avons présenté un bon produit sur le terrain.” Cela n’empêchera pas le fait qu’il sera soumis à une analyse détaillée, comme l’ensemble des entraîneurs du club, jusqu’à ceux des équipes de jeunes. Étant à ses débuts à ce niveau, l’Impact a beaucoup appris et découvert. Dès lors, le président Joey Saputo a assuré que tous les aspects seraient évalués à l’issue de cette première saison.
Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour que le club reçoive sa première leçon, liée au recrutement avorté de Brian Ching. “On ne veut pas se retrouver à nouveau dans une telle situation, mais on apprend, fait remarquer De Santis. On ne voulait pas revivre la même expérience avec Eddie Johnson : on a essayé de le retenir, on aurait pu le forcer, mais en raison d’aspects personnels de sa vie de famille, il voulait être aux États-Unis.”
Parmi les autres surprises, l’aspect monétaire. Il y a eu certaines dépenses inattendues, comme lors des stages de préparation ou le prochain voyage en Italie qui, accumulées, ont pesé sur le budget. “Mais on n’a pas changé nos objectifs pour autant et nous sommes optimistes pour la saison prochaine, assure Saputo. Nous allons apporter quelques changements administratifs qui vont nous permettre d’atteindre le seuil de rentabilité.” En bon homme d’affaires, il ne se fie pas aux chiffres sur cette seule année mais regarde en quoi les dépenses supplémentaires sont un investissement sur le long terme. À cet égard, il n’est pas mécontent.
Les finances ne sont donc pas considérées parmi les échecs de cette première saison. En fait, le président a pointé quatre erreurs à ne pas commettre à nouveau, tant sur le terrain qu’en dehors : rater les play-offs, avoir une soudaine baisse d’assistance, ne pas atteindre ses objectifs de vente d’abonnements et encaisser beaucoup de buts en fin de match. Mais ne comptez pas sur lui pour se mettre son nez dans les décisions sportives. “Une des décisions que j’avais prises cette année était de moins m’impliquer dans l’aspect technique. On a des gens en place.”
Parmi ses principales satisfactions extra-sportives, ce qui est arrivé au stade Saputo. “Nous avons atteint nos objectifs de vente de billets. Il y avait une ambiance extraordinaire au stade. Grâce à l’appui des supporters, Montréal est une équipe difficile à affronter quand elle joue à domicile.” Le président reconnaît aussi avoir éprouvé un plaisir particulier en lisant un article où Alessandro Nesta expliquait qu’il avait joué dans des grands clubs, remporté les plus grandes compétitions mais que le dernier maillot qu’il porterait serait celui de l’Impact de Montréal.
Nesta et les autres Italiens ont été au centre des questions de nombreux journalistes, certains évoquant aussi des rumeurs de dissensions avec les joueurs issus du système américain. Marsch, pour qui le plus beau moment de la saison fut l’ouverture du stade Saputo, a vite fait de les minimiser : “Pour tout le monde qui arrive avec une identité de soccer différente, quelle qu’elle soit, il y a un gros effort à faire. Mais la différence de mentalité entre les européens et les américains est très petite.”
De Santis, qui a pointé les nombreuses nationalités différentes au sein de l’effectif, tenait un discours similaire : “Les Italiens ont amené leur expérience et de la qualité de jeu. Les autres les regardaient et essayaient de suivre. Ça a pris du temps, comme par exemple quand Marco est arrivé, les autres ont dû le comprendre. Mais on a vu les résultats lors des 10 derniers matches. L’important, c’est l’attitude des joueurs. Il y a Sebrango, qui est un exemple. Le comportement des Italiens est bon. Si le vestiaire se tient, c’est grâce à des gars comme ça qui nous ont beaucoup aidés et ont un vécu de comment les choses doivent être faites.”
Comme son président, le directeur sportif du club a aussi beaucoup aimé ce qu’il a vu au stade Saputo. “Le plus important pour moi était que l’équipe joue bien à domicile, que la foule et les médias voient du jeu de haut niveau. Si l’an prochain, nous avons la même équipe avec un ou deux renforts, comment aller chercher d’autres points ? Est-ce mental ? Physique ? Il faut trouver des solutions.”
En 2013, l’équipe visera une place en phase finale. Honnêtement, avec ce qu’on a vu cette année, il est difficile de tenir un autre discours puisque l’objectif est toujours de progresser et que beaucoup de monde a rêvé jusque tard cette saison. “Mais le calendrier sera difficile, avec des déplacements à San José, Los Angeles, Portland et deux fois Kansas City”, prévient Saputo.
Alors, comment faire mieux ? Déjà, en gardant les piliers de l’équipe. Le club a annoncé ce matin qu’en 2013, il compterait encore sur les services d’Arnaud, Bernier, Di Vaio, Felipe, Ferrari, Nesta, Perkins, Rivas et Wenger, tous encore sous contrat. “Il faut prendre ce qui a bien été cette saison, s’en servir comme fondations pour l’équipe, qui a des bases solides pour le futur, et éliminer ce qui a mal été”, a déclaré Jesse Marsch. Cela ressemble à une lapalissade mais beaucoup de clubs recrutent des joueurs dont ils n’ont pas besoin et ne parviennent pas à trouver les renforts nécessaires pour combler leurs lacunes…
L’entraîneur a déjà annoncé la couleur : le club recherche des milieux de terrain créatifs, plus précisément un numéro 10 et un latéral “qui a du soccer dans les pieds”, ainsi qu’un attaquant pour avoir une solution en plus de Di Vaio et de Wenger. Viendra-t-il du marché sud-américain ? De Santis a en tout cas confirmé que le club le sondait : “Si on souhaite attirer un renfort qui serait avec nous en début d’année, il est plus facile que le marché européen, alors nous allons commencer à y travailler rapidement.”
Quant à ceux qu’on ne reverra plus… “Il y a déjà eu des discussions avec les joueurs que nous ne souhaitons pas conserver et elles se poursuivront dans les prochains jours. Je peux déjà vous dire que ceux qui ne seront pas là l’an prochain ne seront pas du voyage en Italie”, a confirmé le directeur sportif, qui a par ailleurs précisé qu’entre trois et cinq joueurs de l’équipe des -21 ans seraient du voyage.
Et après ? L’hiver sera beaucoup plus riche en nouvelles et plus court que ce qu’on connu du temps des USL. D’autant que l’essentiel de la préparation pour la saison 2013 aura lieu à Montréal : l’équipe ne partira qu’une fois en stage, en Floride. Un séjour quand même assez long, qui inclura la participation au tournoi organisé en février sur les terres de Walt Disney et qui avait permis l’an dernier à la plupart d’entre nous de voir l’équipe en action pour la première fois. Ensuite, place à la compétition : comme cette année, l’Impact jouera ses premiers matches à domicile au Stade olympique, mais ils devraient se limiter à deux.
En attendant, vous pouvez vous abonner. Si vous ne l’aviez pas fait cette année, vous pourrez vous procurer le précieux sésame à partir du 5 novembre. “Nous souhaitons passer de 8000 à 10000 abonnés, avec un taux de renouvellement de 85%, que nous sommes bien partis pour atteindre, précise Richard Legendre. Les gens ont bien aimé l’équipe et nous ont beaucoup demandé quels joueurs allaient revenir. La liste annoncée aujourd’hui devrait les encourager.”
Pour les abonnements comme pour le reste, le succès de la saison prochaine dépendra en partie de la façon dont les leçons de cette première année seront retenues, d’où l’importance de ces bilans et de bien identifier les forces et les faiblesses réelles.
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