MONTRÉAL : Bush, Oyongo, Camara, Lefèvre, Toia, Donadel, Oduro (59e Venegas), Reo-Coker, Bernier (84e Alexander), Duka, Drogba (90e Williams)
DC UNITED : Hamid, Franklin, Boswell, Birnbaum, Kemp, Halsti, Pontius (71e Farfan), DeLeon, Rolfe (76e Arrieta), Espindola, Saborio (46e Doyle)
ARBITRE : M. Marrufo
AVERTISSEMENTS : DeLeon, Birnbaum, Drogba, Doyle, Reo-Coker
LES BUTS : 4e Drogba (1-0), 11e Drogba (2-0)
Après un match plutôt pauvre en milieu de semaine, c’est un Impact inspiré et un Drogba en or qui ont rapidement imposé leurs arguments, auxquels DC United n’a jamais su répondre. Les hommes en bleu ont raflé trois points ô combien importants grâce en grande partie à la vision tactique de leur entraîneur qui a su innover.
Mauro Biello nous réservait la surprise du chef pour ce match contre DC United : la « midfield presence » tant chantée par le personnel de vente du club était enfin réalisée. En effet, l’axe du milieu de terrain montréalais serait occupé par un triangle inversé constitué de Donadel devant la défense et de Bernier et Reo-Coker un peu plus haut sur le terrain. No Piatti, no problem. Out, le milieu axial offensif ! Dispositif novateur qui s’annonçait intrigant.
Et Mauro avait vu juste. Dès le coup d’envoi, Montréal s’est emparé du milieu de terrain, tel un chien qui se lance sur un os, pour ne jamais l’abandonner. Les courses de Reo-Coker et Bernier, qui semblaient avoir reçu la consigne de bouger énormément, ont permis tôt dans le match de tantôt semer la confusion dans le camp adverse, tantôt libérer de l’espace pour Drogba.
Et Drogba a fait Drogba. Les cordes vocales de la chanteuse locale du Québec avaient à peine fini de vibrer pour la dernière note du « Ô Canada » que Drogba avait déjà fait trembler les filets. Dès la 4e minute, il profitait d’un coup franc à 30 mètres de la cage de DC United pour envoyer un tir courbé dans le coin droit du but que Bill Hamid touchait du bout des doigts, sans pouvoir le dévier suffisamment (1-0). Un coup franc d’une qualité rarement vue à l’Impact.
Quelques minutes plus tard, la fameuse « midfield presence » réussissait son premier fait d’armes. Reo-Coker mettait de la pression sur Halsti en milieu de terrain, ce qui poussait le dernier nommé à rater sa passe en retrait. Drogba s’emparait du ballon et parcourait 40 mètres balle au pied avant de laisser Birnbaum dans le vent et d’envoyer un ballon piqué par-dessus Hamid, qui n’y pouvait rien tant le geste était d’une précision chirurgicale. Douze minutes, deux buts de très haut niveau, pas de questions.
Enfin, si, une question. La défense, approximative contre Chicago et sans le Grand Lolo, allait-elle tenir ? DC United allait tenter d’y répondre rapidement. Profitant du flottement habituel après un but, Espindola envoyait Oyongo aux pâquerettes avant de tirer durement d’un angle difficile. Bush stoppait le tir, puis se jetait dans les pieds de Rolfe qui avait hérité du ballon à deux mètres de la cage toute grande ouverte. Si Drogba était en grande forme, Bush l’était tout autant. De quoi rassurer tout le monde, surtout la charnière centrale Lefèvre-Camara, dont c’était la première apparition de la saison et qui jusque-là semblait fébrile, surtout du côté du numéro 6. (Heureusement, ce n’était qu’un peu de rouille; les deux sympathiques compatriotes ont vite repris le dessus et livré un très bon match.)
Il ne restait plus à Montréal qu’à gérer le match tout en cherchant l’occasion de briser les reins des visiteurs du soir. Et c’est ici que la vision tactique de Biello a fait pencher le match dans le bon sens pour l’Impact. En poussant Bernier et Reo-Coker à occuper un espace trop souvent délaissé par le clan montréalais cette saison, soit la zone située entre le numéro 10 et Donadel, Biello a su étouffer DC United pendant le reste du match. Les deux milieux de terrain ont joué aux aiguilleurs tout au long de la rencontre en stoppant la circulation des visiteurs et en facilitant les déplacements des hommes en bleu. Leur excellent travail aura permis d’alléger grandement le travail de Donadel, beaucoup moins forcé de s’interposer en récupération, et de faciliter la vie à la charnière centrale de la défense, qui a su faire disparaître la paire Espindola-Saborio. L’Impact semble avoir trouvé son système de jeu sans Piatti. Il ne lui reste plus qu’à trouver son système avec Piatti. À moins que…
Si au final, les deux buts rapides et l’efficacité du duo Bernier/Reo-Coker nous ont donné très peu de choses à se mettre sous la dent en matière d’occasions et de faits de jeu pendant la plus grande partie du match, celui-ci n’en était pas moins agréable à regarder. Sur le plan tactique, Montréal nous a offert sa plus intéressante prestation de la saison, aux antipodes des démonstrations prévisibles et répétitives de l’ère Klopas.
Parlant de Klopas… En voyant notre capitaine mettre sa griffe sur ce match et se permettre (avec succès !) une panoplie de gestes techniques de haut niveau, on ne pouvait que se demander pourquoi l’Impact s’était privé aussi longtemps d’un joueur de cette qualité. Tout bien réfléchi, c’est sûrement mieux de ne pas connaître la réponse. Contentons-nous de profiter du spectacle que nous offre ce Bernier libéré, qui joue comme s’il avait de nouveau 22 ans. Ça fait du bien !
Autre bonne nouvelle de la journée, la montée d’un Johan Venegas qui semblait très à l’aise dans le système proposé par Biello. Particulièrement affûté, le Costaricien combinait bien avec ses coéquipiers, notamment Reo-Coker, et aurait pu inscrire le troisième but avec un tir lobé du pied droit que Bill Hamid a dévié de justesse au-dessus de sa cage.
L’Impact a donc offert à ses supporters un sans-faute tactique, agrémenté de la grande prestation des Bernier, Reo-Coker et Drogba. Une victoire qui indique que Montréal monte en puissance et qui ne laisse qu’une seule question flotter : que fera-t-on au retour de Piatti ? Quoi qu’il en soit, chapeau à Mauro Biello qui a su remettre de l’ordre rapidement après le bordel du match contre Chicago.
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