La dispute entre le club et Kei Kamara ne se résoudra donc pas par un séjour prolongé de l’attaquant à Montréal. Il a été échangé à Chicago ce vendredi, et les parties semblent bien heureuses de se séparer. Tout ça, peut-être, à cause d’un malentendu…
Rappel des faits publics : arrivé en début de saison dernière, Kei Kamara avait un petit contrat de base avec des primes intéressantes à la performance. Le tout assorti d’une option qui, en MLS, est toujours à lever par le club. Ce que ce dernier a fait en fin de saison.
Alors qu’on se concentrait sur la reprise des entraînements, le joueur a fait part de son mécontentement sur les réseaux sociaux. D’abord en indiquant qu’il avait demandé de partir, ensuite en donnant sa version des faits sur une longue vidéo. En bref : “Je veux rester et m’établir à long terme ici avec ma famille, mais ce que le club propose ne le permet pas.”
Cela dit, la proposition n’était pas son contrat de 2022, mais bel et bien une nouvelle offre, dont on ignore les détails. En fait, deux offres : une d’un an, une autre de deux. Mais aucune ne semblait convenir au joueur, qui a demandé de négocier. Ce à quoi le club aurait répondu, selon lui, “non : il faut en choisir une telle quelle, c’est à prendre ou à laisser”.
Bien entendu, le club a aussi tenu à s’exprimer (et il se l’est fait demander à l’envi, le pauvre Hernan Losada se faisant questionner sur le sujet chaque fois qu’il s’adressait aux médias). Olivier Renard a donné la version du CF Montréal, sous-entendant que si sur le fond, Kamara avait des arguments qui pouvaient tenir la route, sur la forme, il y avait du “manque de respect”.
Si dans un premier temps, il parlait clairement de la façon dont le joueur avait exprimé son mécontentement sur les réseaux sociaux, il en a remis une couche ce vendredi, expliquant que Kamara avait tenu des propos inadmissibles à Vassili Cremanzidis, son adjoint, lors de discussions dans leur bureau l’automne dernier.
Mais que s’est-il passé exactement ? Si nous n’en savons rien, nos confères du 98.5 FM se disent en mesure d’expliquer le pourquoi du comment. Selon eux, tout a commencé quand Kamara a signé son contrat initial : il n’était pas question d’option mais le joueur, en discussion avec la banque pour l’achat d’une maison, ne pouvait pas se contenter d’une entente d’un an pour obtenir le financement. D’où l’ajout, de façade si l’on peut dire.
Sauf que le club a levé l’option et, toujours selon le 98.5, Cremanzidis aurait dit à Kamara qu’il n’était pas au courant de cet accord tacite et que pour lui, lever l’option telle quelle était légitime. À ce moment-là, il y aurait évidemment eu moyen de discuter des termes d’un nouveau contrat (d’ailleurs, c’est de ça qu’il fut question par la suite), mais le joueur n’aurait pas cru le dirigeant et c’est là que les mots auraient volé bas, ce à quoi Renard faisait référence ce vendredi. Disons que ça a pas mal refroidi l’ambiance, et on comprend un peu mieux la tension à distance.
Bien entendu, nous ne faisons ici que rapporter une version de l’histoire, sans en connaître les détails. Si tout cela est exact, on ne sait pas non plus qui, du club ou du joueur, dit vrai, mais il serait évidemment certain dans ce cas-là qu’il y a eu un gros écueil de communication quelque part. En cas d’accord de façade, qui a parlé à qui pour l’ajout de l’option, quel est le rôle de l’agent du joueur dans le processus, et où le message a-t-il bloqué (s’il a réellement bloqué) ? Nous n’en saurons probablement jamais rien, toujours est-il que ce qui ressemblait à un arrangement pouvant convenir à tout le monde s’est transformé en bombe à retardement.
Visiblement, les parties étaient inconciliables. Le club l’avait même jouée un peu en bombant le torse, déclarant qu’il était prêt à écouter les offres mais n’en recevait pas… Finalement, Chicago a décidé de débourser 250 000 $ de son allocation monétaire de base (un montant qui pourrait monter jusqu’à 450 000 $) afin de s’enquérir des services de l’attaquant.
Sportivement, le départ de Kamara est bien entendu une perte. Pas seulement pour son apport sur le terrain. Il ne le dira pas ouvertement, mais Hernan Losada aurait certainement aimé avoir dans son effectif un joueur presque quadragénaire en excellente condition physique, de quoi servir d’exemple au groupe dans un domaine qui lui tient particulièrement à cœur.
Et bien entendu, il y a ses buts et ses passes décisives. Avec 9 réalisations, et une grande efficacité quand son équipe faisait le jeu et portait le ballon haut, mais aussi 8 buts offerts à un partenaire, dans des circonstances de jeu pour le moins variées, le Sierra Léonais a fortement contribué aux bons résultats mais aussi à l’identité de Montréal en 2022. Sans oublier l’apport de son expérience et, visiblement, le fait qu’il était très apprécié de ses coéquipiers.
Libéré du mal de tête de l’incertitude planant autour de cette situation, l’équipe doit maintenant composer avec celui de trouver la solution permettant de le remplacer efficacement. Quioto ne pouvant pas tout prendre sur ses épaules, il vaudrait mieux que Toye retrouve son niveau de début 2020 ou qu’un ou plusieurs jeunes contribuent régulièrement aux réalisations offensives.
