Bilans de saison 2022 (4) : le jeu

Publié le 18 novembre 2022

 CF Montréal
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Planter l’arbre en 2020, l’arroser et lui donner les nutriments nécessaires en 2021, le voir bourgeonner en 2022. Tel était le plan initial. Mais, changement climatique (très positif, celui-là) dans la politique sportive du club oblige, la lumière fut plus intense que prévu cette année… tant et si bien qu’en deuxième moitié de saison, ce ne furent plus des bourgeons mais de véritables fruits, qu’on a déjà pu récolter.

Cette métaphore arboricole en préambule de notre traditionnel bilan du jeu pour dire que, puisqu’il y a un processus sur plusieurs saisons, et que 2021 et 2022 furent finalement étroitement liées, nous nous baserons sur de nombreux constats tirés l’an dernier pour voir comment ils ont évolué cette année, et notamment comment les carences ont été comblées. Le tout, comme de coutume, avec le soutien de Vision du Jeu. Bien entendu, s’il y a eu des oublis il y a 12 mois, ou des observations erronées, nous en parlerons également, toujours avec l’objectif d’illustrer cette saison.

PLAN A : POSER LE JEU. MISSION ACCOMPLIE !


Commençons par le plus évident : la disposition tactique quasi immuable. En effet, l’équipe a toujours joué en 3-4-2-1 ou, plus rarement, en 3-4-1-2. Comme la saison passée, c’est le système avec un seul homme devant, soutenu par deux partenaires, qui a donné le plus de satisfactions. Mais à la différence de 2021, il y eut moins de tâtonnements dans sa variante (notamment pour Mihailovic), et quelques rencontres de très haut calibre, même si on a souvent senti que le joueur originaire de Chicago s’y sentait moins à l’aise, tout comme lorsque l’équipe attendait déjà son adversaire. Rien de neuf pour lui à ce chapitre, mais nous constaterons que son rôle a pourtant beaucoup évolué.

On le sait, l’objectif de l’entraîneur est de développer un jeu dominant dans le camp de l’adversaire. L’an dernier, ça marchait à moitié. En fait, il fallait des accélérations soudaines ou des passes tranchantes pour faire mouche, mais quand elle posait son jeu “normalement”, si on peut le dire ainsi, l’attaque marquait relativement peu. Tant et si bien que nous avions écrit : “La saison prochaine, il faudra dès lors trouver le moyen de marquer en construisant, mais en étant beaucoup plus efficace quand il faut davantage qu’une ou deux passes pour déstabiliser la défense adverse. D’autant que c’est comme ça qu’on marque le plus de buts et qu’on s’illustre en MLS.”

Mission accomplie, et comment ! Avec 29 buts inscrits en posant le jeu, Montréal est tout simplement le deuxième meilleur de MLS dans cet aspect ô combien crucial, seul Austin faisant mieux. Ce qui est intéressant (mais compliqué à décrire), c’est que c’est un travail aussi diversifié que collectif. On ne peut pas pointer une ou deux façons uniques de procéder qui ont fait la différence, ni de joueur en particulier qui a tiré l’équipe vers le haut dans cet aspect. Notons quand même que Kamara et Lappalainen sont à la 8e place du classement des passes décisives sur ce genre d’action, ce qui est évidemment digne de mention. Dès lors, une bonne partie des éléments qui va suivre permettra d’illustrer ce paragraphe… mais pas seulement. “Tout et tout le monde est dans tout”, ça pourrait bien résumer le jeu offensif montréalais en 2022. Pas simple à vulgariser pour le grand public, mais, et c’est évidemment ce qui compte le plus, tellement performant sur le terrain !

L’an dernier, on avait quand même mis de l’avant deux points précis pour franchir ce cap. Le premier : réduire “la dépendance aux deux buteurs que sont Quioto et Toye”. S’il y a eu (à peine) moins de buteurs différents qu’en 2021, trois joueurs, au lieu de deux, furent des menaces constantes : Quioto, Mihailovic et Kamara. Avec 16 buts toutes compétitions confondues, le Hondurien a marqué à lui seul autant de buts qu’avec Toye en 2021. Mihailovic en a inscrit 12, Kamara 9. En outre, si le lien entre les deux meilleurs buteurs de 2022 avait fait des étincelles la saison précédente, le couper était une solution trop évidente pour les adversaires. Elle ne fonctionne plus, grâce notamment aux apports de Johnston, Lappalainen et Koné dans la construction du jeu voire à la finition.

Second point : “il faudra confirmer deux saisons consécutives d’efficacité dans le petit rectangle”. Ce n’était pas forcément évident car, souvent, un joueur y tire une équipe vers le haut, comme Vazquez à Cincinnati ou Mukhtar à Nashville. Ce qui ne fut pas le cas à Montréal en 2021… ni en 2022, ce qui n’a pas empêché l’équipe d’être parmi les 4 meilleures finisseuses du championnat à cet endroit du terrain. Mieux encore : 11 joueurs différents y ont marqué, personne ne fait mieux en MLS !

UN MIHAILOVIC NOUVEAU


Afin de mettre fin à la trop grosse dépendance à l’homme de pointe au moment de marquer, il y avait plusieurs solutions. L’une d’entre elles était de passer à deux joueurs devant, avec un seul équipier en soutien, ce qui a merveilleusement marché à Seattle mais fut trop rarement confirmé. L’autre était de voir un des deux soutiens s’infiltrer davantage. Vu la difficulté à trouver le partenaire idéal à Mihailovic, et le manque de garanties, il fallait dès lors réassigner les tâches de ce dernier.

Deux possibilités s’offraient à Wilfried Nancy. La première était de le faire reculer dans le jeu, lui donner un rôle à la Kevin De Bruyne, où ses passes tranchantes auraient fait tout aussi mal, voire davantage. Il aurait alors fallu lui trouver un remplaçant, et étant donné les difficultés à lui dénicher un compère en soutien de l’homme de pointe, il y aurait eu deux points d’interrogation. Quioto aurait pu s’en charger, mais l’entraîneur a préféré les garanties qu’il offrait en pointe. Il a donc effectué un autre choix.

Ce choix a été de revoir en partie l’animation offensive. Quioto, mobile et polyvalent, a eu un rôle crucial, car c’est lui qui a dû le plus s’adapter afin de créer des espaces à son coéquipier. La bonne entente entre les deux a rejailli sur cette nouvelle dynamique, qui a vite porté fruit puisque Mihailovic a rapidement empilé les buts. Dans un premier temps, le Hondurien marquait moins. Sa présence restait quand même cruciale… et quand lui aussi a commencé à trouver le fond des filets, cela a fait taire les critiques et trembler les défenses.

Avec des affectations différentes, Mihailovic a toutefois dû abandonner ce qui était sa marque de fabrique en 2021. Et personne n’a repris ce rôle de “super passeur” et “casseur de lignes” (même si Waterman nous a sortis quelques longs ballons assez déroutants, mais ce n’était pas quand l’équipe était installée dans le camp adverse). Reculer pour mieux sauter, en quelque sorte : Montréal a certes perdu sa “solution miracle” de l’an dernier pour faire la différence mais, au bout du compte, a inscrit 37 buts au lieu de 26 en jeu dominant. On est passé d’une équipe capable de s’installer dans le camp adverse et d’y garder le ballon mais manquant de solutions pour déstabiliser la défense à une équipe qui a réussi à diversifier son jeu offensif très efficacement. Les choix de jeu ont donc été payants, on peut réellement parler de réussite.

DES PLANS B EFFICACES


Parvenir à être efficace sur son intention de base, c’est évidemment très bien, mais pour grappiller quelques points supplémentaires qui font une différence notable, sauf si on est le Columbus de Gregg Berhalter, avoir quelques solutions de rechange est important. Là encore, l’an dernier, nous pointions certaines améliorations à effectuer pour franchir un cap.

Première d’entre elles (qui regroupe deux points) : “Oser davantage partir en contre et penser à marquer quand on est plus loin du but”. En effet, en 2021, à la récupération du ballon, les hommes de Wilfried Nancy étaient fixés sur leur plan A, la volonté de construire et de s’installer dans le camp adverse. Si c’était dans un sens bon signe, montrant que les idées étaient claires dans leur tête, ça avait aussi un côté excessif dans la mesure où ça empêchait de profiter de certaines situations où l’adversaire était en mauvaise posture. Il fallait dès lors parvenir à distinguer les moments où il devenait plus intéressant de déroger de ce plan A.

Ce fut fait avec brio. Et là, les deux vedettes offensives de l’an dernier, Quioto et Mihailovic, ont pris les choses en mains… mais ont été bien aidées pour en faire une (autre) réussite collective. Quand le ballon était loin du but, le Hondurien restait toujours à l’affût. Il a d’ailleurs marqué à cinq reprises dans ce genre de situation, tout comme Ferreira (Dallas), le seul Duran (Chicago) faisant mieux, mais il était aussi disponible pour jouer les intermédiaires avant un but d’un partenaire. On se souvient entre autres de sa somptueuse passe à Choinière contre Charlotte. Un but qui illustre d’ailleurs bien que le danger montréalais venu de loin n’était pas forcément synonyme de contre-attaque.

Deux autres joueurs ont apporté une grosse plus-value dans ces circonstances. Commençons par Wanyama, meilleur donneur de passes décisives de la MLS pour les actions dessinées à hauteur du rond central (à égalité avec un autre Ferreira, celui qui joue à Houston). La plus représentative est peut-être celle à Kamara sur le 2-3 à Cincinnati mais on n’oubliera pas, entre autres, que c’est lui qui a servi Miahilovic sur le but égalisateur à Toronto. Et que dire de Waterman ? Lui, c’était carrément de son camp : lors du même match sur le but suivant, ou pour offrir le 0-2 à Quioto à DC United… mais il a aussi été à la conclusion de la passe d’un demi-terrain de Lappalainen pour offrir une victoire du tonnerre à Columbus !

De loin ou de moins loin, après la récupération du ballon, les Montréalais ont arrêté de vouloir systématiquement mettre le pied dessus pour le faire circuler calmement avant de prendre une décision. Avec 15 buts marqués sur des reconversions offensives rapides, l’équipe est la quatrième la plus performante du championnat… juste derrière un trio de tête qui en a 16. Là encore, le fait que Quioto restait à l’affût a aidé, puisqu’il est dans les tout meilleurs buteurs du championnat en contre-attaque. Mais, fait complètement nouveau, Mihailovic était juste derrière lui dans ce classement particulier.

Encore une fois, ils n’étaient pas seuls. Leur compère est peut-être un invité-surprise : Kamara, dans bien des esprits, c’est avant tout un buteur, et un spécialiste du jeu posé. Le jeu dans la vitesse ? À son âge ? Eh bien oui, Mesdames, Messieurs, le Sierra Léonais était tout simplement le meilleur donneur de passes décisives du championnat cette saison sur contre-attaques ! Ça en dit long aussi sur son implication : il ne faisait pas qu’attendre devant, très loin de là.

Un point particulier a aidé à briller particulièrement : les erreurs adverses. Non, non, pas des cadeaux qu’on reçoit et pour lesquels on se contente de dire merci. Cette équipe savait à la fois reconnaître ces erreurs adverses et les provoquer. À cette fin, l’apport de Kamara fut essentiel, mais parmi les joueurs souvent impliqués dans ce genre de situation, on se doit aussi de citer Koné.

Des combinaisons de passes principalement, sur des longs ballons ou non, en profitant parfois de mauvaises sorties de balle adverses ou d’autres erreurs : marquer peu après avoir récupéré est revenu sur la planche à dessin montréalaise. Sauf que contrairement à ses premières années, lors desquelles l’équipe s’en était fait une spécialité, ce n’était plus l’intention première mais bien le plan B… permettant dès lors de grappiller les points qui échappaient à Montréal jusqu’alors. Ajoutons quand même le rôle crucial joué par Quioto, Mihailovic et Kamara, puisqu’un des trois était soit à la dernière passe soit à la finition de tous ces buts, à une exception près.

Beaucoup d’entre eux se sont conclus avec un joueur se présentant seul face au gardien. Et là encore, nous avons un roi, Quioto, meilleur buteur de MLS en face-à-face (que ce soit en contre ou autrement) à égalité avec Chicharito (LA Galaxy) et Gazdag (Philadelphie), et des princes, Kamara et Mihailovic, dont la contribution, certes moindre, fut aussi intéressante qu’utile. Si pour isoler un joueur, on comptait sur les combinaisons de passes, il n'y avait pas que des longs ballons ou des passes en profondeur. Pensons par exemple à l’ouverture du score de Koné au premier tour de la phase finale contre Orlando. Autre illustration de la diversité du jeu offensif montréalais cette saison.

JEU DIVERSIFIÉ, DANGER QUI VIENT DE PARTOUT


De la variété, vous en voulez ? En voilà encore ! Dans le cours du jeu, certaines équipes sont plutôt spécialistes des combinaisons de passes au sol (New York City), d’autres préfèrent les centres (Seattle). Montréal a été performant offensivement dans les deux domaines. Pour les centres, ce fut surtout ceux au cordeau. Dans les airs, ce n’était pas génial, tout comme le jeu de tête devant le but adverse dans l’ensemble, d’ailleurs – il faut bien quelques points négatifs, même si celui-ci ne le fut pas totalement, nous y reviendrons. Restons sur les centres, et reprenons le chemin des bonnes notes, puisque Kamara, Quioto et Lappalainen faisaient tous trois partie des meilleurs donneurs de passes décisives en MLS sur les buts marqués de la sorte cette saison.

Mieux encore, beaucoup mieux : le danger venait de tous les côtés. Enfin, de la gauche, de la droite, mais aussi de l’axe. Et ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Quand on décortique, c’est plus impressionnant encore. La plupart des équipes ont un côté (très) fort mais souvent aussi un côté faible. C’est simple : cette saison, il n’y en a qu’une qui a été compétitive dans ces trois couloirs à la fois, combinant donc à la fois performance et équilibre. Vous l’avez dans le mille : c’est Montréal. Mais ce n’est pas tout, loin de là. Dans bien des cas, un joueur à lui seul donne son lustre à un flanc (ou à l’axe). Eh bien, pas dans cette équipe : dans chacun de ces couloirs, les passes décisives sont extrêmement bien réparties individuellement. Ce qui donne encore davantage d’éclat à cette prouesse et illustre un exploit collectif.

Si dans la latéralité, le danger venait de partout, on peut presque en dire autant de la hauteur où étaient dessinées les actions. L’équipe arrivait relativement bien à porter le ballon haut. À cet effet, elle était bien aidée par Kamara, parmi les tout meilleurs passeurs décisifs de MLS quand le jeu était développé dans les 15 derniers mètres, et très bon (encore pour les passes décisives) sur les centres au cordeau tout comme Quioto. Ajoutons-y un invité plus surprenant : Miller, présent certes sur phases arrêtées, mais aussi dans le cours du jeu, surtout en début de saison. Pensons par exemple à son bel effort côté droit qui a offert le but de la victoire à Torres contre Atlanta.

Si dans les 15 derniers mètres c’était bien, entre le grand rectangle et le rond central, c’était très bien. À part peut-être une petite faiblesse côté gauche, on y a vu tous les points abordés précédemment, dans toute leur variété, on va donc éviter de se répéter. Et on va continuer de s’éloigner du but adverse, avec les actions venues de loin, que l’on a déjà détaillées plus haut, et sur lesquelles personne n’a fait mieux en 2022.

LES RARES CARENCES OFFENSIVES


Ah, il y a quand même quelques domaines offensifs où ce n’était pas parfait (le contraire est quand même très rare). Commençons par le jeu aérien, dont nous avons déjà parlé : six buts de la tête, ce n’est pas génial. Seules 10 équipes font pire. Mais… ils ont été marqués par six joueurs différents, et là, on ne pointe qu’Austin, Salt Lake et Seattle qui en comptent davantage dans les airs ! Comme quoi, même pour certains points faibles, on peut trouver des compliments cette année.

Vous vous doutez cependant que si l’équipe a peu marqué de la tête, elle n’a pas dû exceller sur phases arrêtées. C’est surtout sur corner qu’elle a péché, réduisant sa production de moitié en un an. Pourtant, le changement de rôle de Mihailovic dans le cours du jeu n’aurait pas dû influencer la bonne patte qu’il avait en 2021…

Autre domaine dont il fut question à un moment de la saison : les tirs de loin. À part une période de grâce entre le 27 août et le 13 septembre, ce fut quasiment le vide sidéral. Notons enfin que la présence au rebond offensif et l’opportunisme sur les ballons qui traînent peuvent aussi être nettement améliorés. Toutefois, avec tous les compliments effectués auparavant, ces carences n’ont pas pesé trop lourd dans la balance.

DÉBUTS DE MATCH DÉBRIDÉS, FINS MAÎTRISÉES


Terminons cette analyse du jeu offensif par une autre améliorations permettant de prendre des points utiles que nous avions pointées la saison dernière : “ne pas faire preuve d’excès de prudence dans le premier quart d’heure”. Voilà peut-être un des changements majeurs qui a été le plus remarqués ! On est passé de 6 buts (marqués + encaissés) dans ce laps de temps en 2021 à… 24 ! On se souvient de quelques départs tout feu tout flamme au stade Saputo. Quioto a aussi eu une période de grâce en début de partie, y marquant cinq buts entre le 25 juin et le 13 août, ce qui en fait le troisième buteur de MLS durant ce moment du match… et il est le cinquième meilleur buteur du championnat dans le troisième quart d’heure !

Avec 37 buts, très bien répartis, en première mi-temps, Montréal est l’équipe qui a marqué le plus avant le repos. Elle est rentrée au vestiaire en menant à la marque 17 fois, et a ensuite souvent bien géré son avance, remportant 13 de ces rencontres, pour 2 défaites et 2 nuls.

Cela dit, les débuts de match spectaculaires ont aussi eu lieu à ses dépens. 14 buts encaissés dans le premier quart d’heure : personne ne fait pire ! En plus, ce fut lors de 13 rencontres différentes… Et à chaque fois, l’entame d’une course-poursuite qui visiblement ne dérangeait pas trop les joueurs, puisque le bilan de ces duels est de 8 victoires, 3 défaites et 2 nuls. Cela dit, jouer ainsi avec le feu augmente le risque de se brûler, et c’est ce qui est arrivé contre New York City.

Le déséquilibre défensif dans les moments du match est quand même interpellant. Car une fois le premier quart d’heure passé, tout se mettait en place jusqu’au retour aux vestiaires, avec seulement 10 buts encaissés lors de la demi-heure suivante. Mais après le retour sur le terrain, badaboum : 11 buts adverses dans le quatrième quart d’heure, autant dans le cinquième ! Malgré tout, on retiendra les fins de match très solides, avec seulement 7 buts encaissés par la suite, et souvent deux éléments très impressionnants : une excellente gestion de l’avantage et une condition physique de loin supérieure à ce qu’on a connu par le passé (les nombre réduit de blessures en atteste, les bonnes fins de première mi-temps peut-être aussi).

CONFIRMATIONS DÉFENSIVES… PARTIELLES


Vous l’avez remarqué, nous sommes entrés dans l’analyse des aspects défensifs du jeu. Et pour continuer notre parallèle avec 2021, ne tardons pas à parler de la disposition, une défense à trois incontournable qui avait toujours devant elle Wanyama, dont le rôle était encore une fois prépondérant. Ce quatuor constituait le socle d’une mise en place défensive à laquelle tout le monde participait. Et il avait des choses à confirmer, pour commencer, afin de valider les assises de la saison dernière : encaisser peu de plein jeu, bien protéger son petit rectangle et ne pas être trop haut afin d’éviter que l’adversaire puisse lancer un joueur dans son dos seul face au gardien.

La mission fut en bonne partie réussie, mais pas complètement. Le meilleur point est sans doute la protection du petit rectangle, d’où ne sont venues que 8 réalisations adverses. Seuls 5 clubs ont fait mieux (le meilleur est à 6 et, à titre de comparaison, un cancre comme Toronto à 16).

La bonne mise en place défensive a été confirmée, même s’il y a place à amélioration : 21 buts encaissés sur jeu posé, c’est une dixième place, mais sans être très loin des meilleurs… et plus da la moitié d’entre eux avaient déjà été marqués fin mai. Les deux gardiens qui se sont succédé entre les perches ont aussi rarement vu un adversaire se présenter seul face à eux. Quand c’est arrivé, ce fut toujours quand l’équipe était prise de vitesse, soit en contre-attaque, soit lors d’une accélération soudaine de la construction adverse. Et dans ces deux domaines, justement, la défense aurait pu mieux faire. Elle est en milieu de classement, ce qui, pour une équipe jouant les premiers rôles, doit être amélioré. Il faut souligner que le début de championnat fut particulièrement pénible en perte de balle, alors qu’en août, il y a eu quelques difficultés sur les longs ballons adverses.

Si ce ne fut probablement pas le seul critère déterminant, force est de reconnaître que les résultats se sont améliorés après le changement de gardien. Bien entendu, ne pas encaisser n’est pas le mérite d’un seul homme. Toujours est-il que Pantemis a terminé 38% de ses rencontres avec ses filets intacts : c’est le plus haut ratio cette saison pour un gardien de MLS ayant été titularisé au moins 10 fois.

NETTES AMÉLIORATIONS DERRIÈRE…


Reprenons maintenant mot à mot quelques-unes des conclusions tirées la saison dernière au sujet du jeu défensif, lorsque nous parlions de ”points problématiques assez spécifiques”. Premier d’entre eux : “ne plus laisser aussi facilement tirer de loin”. Il a fallu du temps, mais la mission a finalement été réussie. Ça avait pourtant très mal commencé (souvenez-vous entre autres du 3-3 à Atlanta), mais le bloc a trouvé sa position d’équilibre à partir du milieu du printemps et a évité de trop reculer dans les moments difficiles, ne laissant ainsi pas le loisir aux adversaires de tenter leur chance à distance.

Et il a aussi limité les mauvaises sorties de défense, qui avaient par le passé offert aux autres équipes la latitude de frapper de 20 mètres ou plus. D’ailleurs, “rendre les sorties de défense le moins prévisible possible” faisait également partie des pistes d’amélioration mises en avant dans l’analyse du jeu de la saison dernière. Cela avait, là aussi, très mal commencé, l’équipe étant punie à cause de cela lors de chacune des quatre premières journées de championnat. Mais par la suite, ce fut nettement meilleur. D’ailleurs, les chantres du “faut arrêter de bâtir de l’arrière”, qui avaient là quelque eau pour leur moulin, ont ensuite rapidement cessé de jouer les Don Quichotte.

Cela n’a pas empêché l’équipe de commettre trop d’autres erreurs défensives. Et ça, c’est plus embêtant. Pensons évidemment à quelques mauvaises décisions de Breza, à de grands pans du match contre Kansas City, mais aussi au but gag contre son camp encaissé à Cincinnati, ou à des joueurs laissés complètement seuls en position de marquer alors qu’il y avait pourtant une forte présence montréalaise autour d’eux. Il y a quelques boulons à resserrer et, quand on sait que les bases sont semblables à celles de 2021, on ne doute aucunement qu’il ne suffit que de quelques ajustements pour que ça ne se reproduise presque plus en 2023.

Troisième mandat : “mieux protéger l’espace aérien en zone centrale”. Et là, il y a une nette amélioration, c’est le moins qu’on puisse dire. L’an dernier, le jeu de tête défensif n’était pas extraordinaire, même si chacun des poteaux était bien protégé. C’était entre les deux que le bât blessait. Cette année, Montréal n’a encaissé que cinq buts de la tête (les meilleurs dans l’exercice en sont à 3), dont un seul dans cette zone centrale… le 12 mars. Il va sans dire que cela a grandement contribué à compliquer la mission offensive des adversaires.

Autre point qu’il fallait améliorer pour franchir un cap : “commettre moins de fautes à des endroits stratégiques, que ce soit dans le rectangle ou là où ça donne des coups francs dangereux”. Là encore, le bilan n’est pas parfait. Mais une cause unique l’assombrit : un trop grand nombre de buts encaissés sur penalty (7). Car hors du rectangle, la défense fut nettement plus disciplinée, offrant bien moins de coups francs bien placés aux adversaires. Ce qui a aidé à limiter le nombre de buts encaissés dans ce domaine et contribué aux bonnes statistiques défensives sur phases arrêtées, hors penalty, l’extrême solidité sur corner de l’an dernier étant confirmée. Globalement, on peut donc parler d’amélioration, et cela a aussi évidemment joué sur les résultats d’ensemble de la saison.

…ET FAIBLESSES COÛTEUSES TOUT AU LONG DE LA SAISON


Tâche suivante : “veiller à limiter le danger des centres aériens quand l’adversaire porte le ballon haut”. C’était une des rares failles défensives de la saison 2021, et force est de constater qu’elle n’a été qu’en partie corrigée. Oui, avec le paragraphe qui précède, vous vous doutez bien que quand les adversaires portaient le ballon haut et centraient dans les airs, tout allait bien. Mais voilà, cela les a dès lors incités à centrer davantage au cordeau, et là, il y a eu une grosse pénurie d’un bout à l’autre de la saison. À un tel point que c’est comme ça que l’équipe a encaissé son premier but en championnat, des œuvres de Pato à Orlando, mais aussi le 0-2 qui a probablement scellé le sort du dernier match de la saison et l’élimination contre New York City. Sur les centres, principalement, mais pas seulement, les ballons au cordeau sont un des gros chantiers défensifs pour la saison prochaine.

On en dira autant pour le travail défensif des flancs. Si l’an dernier, aucun d’entre eux n’était facile à percer, il y a eu un recul cette saison, notamment côté gauche (c’est d’ailleurs par là que New York City est passé pour inscrire ses deux premiers buts le 23 octobre). À droite, malgré les qualités défensives de Johnston, ce fut moyen, mettons, mais ce côté est devenu parfaitement hermétique lors des deux derniers mois de la compétition. Une fois la fin de l’ère des mauvaises sorties de balle, il était aussi à nouveau très difficile de percer la défense par l’axe dans le cours du jeu.

Si de plein jeu, les adversaires se montraient menaçant sur centres, c’est parce que, comme en 2021, quand ils tentaient des combinaisons de passes pour déstabiliser la défense montréalaise, que ce soit lors de phases de possession ou à la récupération, elle tenait bon la plupart du temps. Une confirmation, donc. Tout comme le fait que Camacho et consorts ne laissaient pas l’opportunisme adverse s’exprimer au rebond ou sur des ballons qui traînaient.

Malgré tout, les autres équipes savaient plus facilement d’où partir sur le terrain pour être dangereuses. Comme l’an dernier, en portant le ballon haut, elles avaient davantage de chances de faire mal qu’en construisant entre le rond central et le grand rectangle. Entrer dans celui-ci ouvrait la porte à une possibilité de penalty, et on a expliqué précédemment ce qu’il en est advenu. Et c’est aussi surtout des quinze derniers mètres que venaient les centres au cordeau évoqués plus haut.

Si quand le ballon était dans la zone entre le rectangle et le milieu de terrain, la mise en place était efficace, on a eu de gros relents de 2020 quand l’adversaire partait du rond central voire de son propre camp. 10 buts encaissés de la sorte, c’est la quatrième pire performance de la saison en MLS. On se consolera en se disant qu’après le mois d’août, le problème semblait réglé. Mais ça venait aussi de situations sur lesquelles il y a souvent eu un manque de réactivité, peut-être un point à prendre en considération en cas de quête de renfort défensif.

CONCLUSION


Troisième du classement général à l’issue de la saison régulière, agrémentée de nombreux records du club en MLS, Montréal a connu sa meilleure année depuis son accession à ce niveau. Le plan, clairement annoncé depuis trois ans, n’est plus une simple ébauche, notamment pour une attaque particulièrement performante.

Mais commençons par le jeu défensif, qui ne fut pas aussi parfait, ce qui nous permettra de finir avec les bonnes notes qui reflètent la saison. Derrière, il y a quand même de nombreuses raisons de satisfaction : pointons entre autres le bloc bien positionné, les meilleures sorties de défense (hormis en début d’année), une plus grande solidité dans les airs notamment en zone centrale, et un petit rectangle bien défendu.

Cela dit, il y a aussi eu des carences. En fin de saison, certaines étaient réglées ou moins coûteuses, comme les longs ballons adverses ou les erreurs. Mais plusieurs ont perduré d’un bout à l’autre du championnat : les débuts de match difficiles, les fautes commises dans le rectangle, une faiblesse côté gauche, les centres adverses, les ballons au cordeau et les difficultés quand l’adversaire portait le ballon haut.

Ces faiblesses pérennes se retrouvent toutes, sans exception, dans les buts inscrits par New York City lors de l’élimination en phase finale. Assez interpellant quand même…

Offensivement, il est quand même remarquable de constater que toutes les missions pointées ici-même fin 2021 ont été accomplies : marquer en construisant tout en étant plus efficace en posant le jeu, réduire la dépendance à l’homme de pointe pour trouver le fond des filets, rester productif dans le petit rectangle, oser davantage partir en contre, penser à marquer quand on est plus loin du but, et ne plus être timide dans le premier quart d’heure.

Tout cela avec beaucoup de variété dans le jeu, tant dans la latéralité que dans la hauteur où étaient dessinées les actions, et beaucoup de diversité. Le collectif et l’implication de tous ont joué un rôle crucial. Comme l’an dernier, Quioto a été prépondérant, dans ce qu’il a fait avec le ballon mais aussi en permettant de réassigner les tâches de Mihailovic, dont l’apport fut toujours important mais bien différent. N’oublions pas de citer Kamara, dont la contribution fut très loin de se limiter à l’expérience et à la finition. Mais ils ne furent pas isolés, tant nous avons cités d’autres joueurs qui ont régulièrement contribué à l’un ou l’autre aspect du jeu offensif.

Certes, il reste quelques petites carences, mais le bilan est très positif. D’une équipe qui avait une intention de base clairement définie mais pas encore au point qui l’obsédait tant qu’elle peinait à trouver des solutions de rechange, Montréal est devenue une équipe avec un plan A efficace, d’autres forces qui l’aident à remédier aux situations difficiles, et quelques améliorations qui permettent de grappiller quelques points précieux supplémentaires. Voilà comment on grimpe haut au classement. Difficile de demander beaucoup mieux. Dès lors, les attentes de 2023 porteront le sceau de la confirmation.

Les bilans de la saison 2022 sur ImpactSoccer.com
1. Le bilan du club
2. Les joueurs sous la loupe
3. Aperçu général de la saison
Matthias Van Halst
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Qui a marqué les buts permettant à Montréal de remporter la Coupe du Canada 2013 ?

  • Marco Di Vaio et Hassoun Camara
  • Marco Di Vaio et Felipe
  • Felipe et Hassoun Camara
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