Thierry Henry nouvel entraîneur !

Publié le 14 novembre 2019

 
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On attendait avec curiosité le nom du nouvel entraîneur de l’Impact de Montréal, et on n’a pas été déçu : le club a frappé un très grand coup en embauchant Thierry Henry. Son palmarès de joueur est phénoménal, mais il est beaucoup moins expérimenté dans ses nouvelles fonctions. Que peut-on en attendre ?

Commençons par quelques éléments factuels : Henry a signé un contrat de deux saisons avec une option pour une année supplémentaire. Âgé de 42 ans, il a connu une carrière de joueur exceptionnelle, que ce soit en équipe de France ou en club, de Monaco, où il a effectué ses débuts en équipe première en 1994, à New York, où il a raccroché les crampons 20 ans plus tard, en passant par la Juventus, Arsenal et Barcelone. On vous passe son palmarès, vous pouvez le trouver un peu partout et il constituerait un article à lui tout seul.

La genèse de son arrivée est intéressante puisque le président Kevin Gilmore a déclaré sur TSN Radio qu’Henry avait lui-même offert ses services à Montréal : “Olivier (Renard) était arrivé et on commençait à bâtir une liste. On a été contacté car Thierry souhaitait revenir en MLS et considérait spécifiquement Montréal (…) On a décidé de voir si on pouvait concrétiser cela avant d’aller vers d’autres candidats”, a-t-il expliqué. Ainsi, il y eut des discussions approfondies avec Henry, et comme il a convaincu, il fut le premier… et l’unique choix.

Le directeur sportif, qui a passé beaucoup de temps avec lui, souligne à la fois certaines qualités d’Henry et le fait que ça va permettre d’accélérer le rythme de travail : “Nous sommes très heureux de l'arrivée de Thierry avec nous, a déclaré Renard. Jeune et dynamique, il connaît très bien la MLS et répond aux critères que nous avions établis. Cette nomination, deux mois avant la reprise en janvier, nous permettra d'avoir le temps de construire l'équipe avec celui qui la pilotera.”

De son côté, le principal intéressé a bien évidemment eu de très bons mots pour son nouvel employeur. “J’en parlais souvent avec Patrice Bernier et on m’a toujours dit du bien sur ce club, déclare-t-il ainsi sur le site de l’IMFC. J’ai aussi pu constater, surtout quand j’étais à Montréal pour jouer, que les gens étaient vraiment chaleureux et gentils.”

Il s’est aussi un peu exprimé quant au travail de terrain qui l’attend. “On va commencer par le commencement, tout doucement, et remettre de bonnes bases, pour que ce club se retrouve où il doit être (…) Pour moi, c’est super important aussi que les gens soient contents de venir au stade et voir l’Impact jouer. On va essayer d’avoir notre style, notre philosophie. Après, ça passe par le travail, la rigueur et le professionnalisme.”

PASSIONNÉ ET CHARISMATIQUE


S’il a entamé sa carrière d’entraîneur avec les -16 ans d’Arsenal, il est revenu à la une de l’actualité quand il a été nommé T3 (le T1 est l’entraîneur principal, le T2 son adjoint, etc.) de l’équipe nationale belge. Une embauche gardée secrète et qui a fait écarquiller bien des yeux, même ceux de professionnels aguerris. “J’ai vu sur le visage des joueurs quelque chose qui ne s’explique pas, qui n’a pas de prix”, déclarait ainsi un employé de la fédération belge qui avait assisté à sa première rencontre avec les joueurs.

Henry avait le profil dont les Diables rouges avaient besoin. Il manquait à l’encadrement technique quelqu’un qui avait gagné de grands trophées et pouvait partager son expérience du très haut niveau avec des joueurs au potentiel énorme mais pour qui c’était encore l’inconnu. Un élément important pour que cette génération dorée puisse atteindre son potentiel, comme on l’a vu lors de la Coupe du monde 2018 dont elle a été demi-finaliste.

Plus spécifiquement, Henry s’occupait des attaquants, qu’il conseillait entre autres dans leur positionnement et leurs mouvements, ainsi que des phases arrêtées. Mais ça ne se limitait pas à cela. “Vu son énorme expérience, il partage de nombreuses anecdotes par rapport à des faits de matches, et tout ce qui peut nous aider dans une compétition comme la Coupe du Monde, détaillait Thomas Meunier dans les colonnes de Foot Magazine. Il a gardé une mentalité super jeune, et ça l’a aidé à gagner la confiance des joueurs. C’est aussi pour ça que Martinez a choisi quelqu’un comme lui, il sert de lien entre les joueurs et le staff technique, il est intergénérationnel. Sa présence, son charisme, ses idées, quand il parle tout le monde l’écoute. Il partage ses analyses, individuelles ou collectives.”

Parler de foot avec les autres, Henry adore ça : il a la réputation d’être plus que mordu, à la limite boulimique. Au début de sa carrière, par exemple, les matches de D2 française étaient diffusés sur Eurosport. Les journalistes français qui l’ont côtoyé racontaient qu’il les regardait et pouvait parler de la moindre petite équipe !

En équipe nationale belge, il trouve un gars aussi passionné que lui : Romelu Lukaku. Si jamais (ô grand bonheur) l’Impact songeait à réunir ces deux-là, il devrait avant tout munir son centre d’entraînement de dortoirs. Ils sont en effet capables de discuter de foot sans voir le temps passer. Et à ce que l’on dit, leur mémoire est impressionnante.

Ainsi, nos confrères belges rapportaient que Lukaku parlait à Henry de buts qu’il avait inscrits à Arsenal… dix ans plus tôt ! Que les deux pouvaient s’enthousiasmer, ou déplorer avec véhémence, un simple fait de match de l’époque. Ou discuter d’un duel de la dernière journée… de D2 allemande. Le terme “encyclopédie du ballon rond” leur convient aussi bien à l’un qu’à l’autre. Une passion débordante !

COMPÉTITIF ET DISCRET


Ayant gardé son état d’esprit de joueur, Henry restait souvent à table avec les internationaux belges et pouvait parler avec eux de tout et n’importe quoi. Le temps qu’il passe avec eux leur permet aussi de découvrir son côté compétiteur : il veut toujours gagner. Toujours. S’il y a un jeu-questionnaire et que sa réponse est plausible à ses yeux mais pas acceptée… il est capable de bouder.

Cet esprit se voyait aussi sur le terrain d’entraînement ou en match. Il n’avait pas la réputation de dire aux joueurs ce qu’ils voulaient entendre pour leur faire plaisir. Et son côté perfectionniste se voit aussi dans la victoire. Sur certaines images qui suivent la fin de Belgique - Tunisie au Mondial, on voit les joueurs se féliciter, alors qu’Henry n’a pas l’air heureux. Les Diables ont raté beaucoup d’occasions et encaissé en fin de match : a-t-il cela en tête ?

Difficile à savoir pour les journalistes belges, car Henry ne donne pas d’interviews. On met ça, notamment, sur le fait qu’il a un plantureux contrat de consultant sur Sky, chaîne de télévision anglaise. Ce qui est sûr, c’est qu’en raison de cela, il ne s’est pas enrichi sur le dos de la fédération belge. Non seulement, son salaire était modique par rapport à ses contrats habituels (la somme de 140 000 $ annuels a été citée), mais en outre, ce sont des bonnes œuvres à qui il fait des dons qui en profitent.

Henry a néanmoins donné une très longue entrevue à deux journalistes belges du service public (l’un de la chaîne francophone, l’autre de la chaîne flamande) et a expliqué son mutisme : en tant que deuxième assistant, il ne voulait pas que ses propos aient plus de retentissement que ceux de l’entraîneur principal. “Je suis là pour apprendre et apporter un savoir (…) J'essaye de rester à ma place. Il faut respecter l'ordre des choses”, a-t-il déclaré.

Il faut dire qu’Henry et la presse, c’est une histoire particulière. Être une superstar en Angleterre, où certains médias à sensations interprètent le moindre détail de façon sensationnaliste sans se soucier de la bonne foi, ça laisse des traces. Un des deux journalistes belges auteurs de l’interview a d’ailleurs dit après coup l’avoir ressenti fortement, expliquant que dès que les enregistreurs tournaient, Henry pesait chacun de ses mots et se retenait… Dommage, il a pourtant tellement de choses intéressantes à dire ! Le journaliste a aussi souligné l’attitude très cordiale d’Henry : une grande vedette mondiale ne jouant pas la star, mais se comportant de façon très sympathique et étant très généreux de son temps.

CRITIQUÉ ET EXIGEANT


Si Henry a appris à se méfier des médias anglais, il a aussi eu une relation compliquée avec les journalistes français. D’abord, parce qu’il a longtemps tardé à être “prophète en son pays”, comme on dit (un autre point commun avec Lukaku, d’ailleurs). Ce qui, selon certains reporters de l’Hexagone, n’a pas empêché les relations cordiales dans un premier temps.

Mais l’épopée française au mondial sud-africain a changé bien des choses : de sa main qui a contribué à la qualification contre l’Irlande à l’incident des joueurs ne voulant pas descendre du bus, Henry a essuyé de nombreux reproches, notamment sur son manque de leadership. Dès lors, les relations devinrent tendues et le critiques s’abattirent très facilement sur lui. De là où nous sommes, on l’a peu entendu s’exprimer à ce sujet, mais on a en revanche lu de plus en plus d’articles sévères, insistant sur ce qu’on lui reprochait - froideur, souci exacerbé de son image, et on en passe - bien plus qu’auparavant.

La preuve ultime que la tension concernait spécifiquement les médias français s’est passée devant les yeux de l’Amérique lors du Match des étoiles de la MLS 2012. Alors que tout se déroulait on ne peut plus cordialement avec les journalistes locaux, la tension est montée avec la presse française. Ce qui n’est pas sans rappeler un certain Zlatan Ibrahimovic : lors de sa venue à Montréal avec le PSG en 2015, le Suédois s’était montré extrêmement disponible sur le terrain pour Patrick Friolet (RDS) mais était moins souriant en zone mixte face aux micros qu’il côtoyait plus régulièrement…

Reste que quand on cherche à en savoir plus sur la personnalité d’Henry auprès de journalistes français, de façon objective, on entend parler de l’éducation qu’il a reçue : sévère, ne laissant pas passer la moindre erreur. Forcément, un tel conditionnement rejaillit à l’âge adulte. On peut parfaitement concevoir qu’Henry est très exigeant envers lui-même et tout autant envers les autres. Sur le terrain et en dehors. L’épisode de la chaise de Loïc Badiashile a d’ailleurs fait le tour du monde…

Autre chose qui ressort clairement : sa grande discrétion quant à sa vie privée (ce qui n’est pas toujours simple avec certains paparazzi…) Et ce, tant en ce qui concerne ce qui est strictement privé, comme la vie familiale, que des évènements que d’autres joueurs n’hésitent pas à médiatiser - s’il rend visite à des enfants malades, il ne se sent pas obligé de le crier sur tous les toits et de vouloir une photo dans le journal pour en témoigner.

INEXPÉRIMENTÉ ET LIMOGÉ


Revenons donc au sportif, et à une carrière qui est à la croisée des chemins après la Coupe du monde 2018. Henry veut se consacrer pleinement au métier d’entraîneur et décide de mettre fin à son activité de consultant sur Sky. Joueurs et supporters belges craignent de le voir partir, mais dans un premier temps, il est promu au poste de T2.

Ça ne dure toutefois pas bien longtemps : Monaco, le club de ses débuts, est dans une situation précaire et procède à une opération charme pour l’attirer. Avec succès. Un mot qui ne convient pas du tout à sa première expérience d’entraîneur principal, tout bonnement catastrophique sur le terrain comme en dehors.

Il faut dire que le cadeau était empoisonné. Le club était demandeur et, selon toute vraisemblance, lui a dressé un portait enjolivé de la situation. Jardim, qu’il a remplacé… lui a succédé une demi-saison plus tard, et une partie du vestiaire est restée acquise à sa cause. Certains joueurs étaient méforme, d’autres blessés, il a dû aligner des jeunes n’ayant pas encore l’expérience suffisante… Ajoutez à cela des dirigeants ennuyés par la justice, et vous avez un contexte loin d’être favorable.

Toujours est-il qu’Henry n’a pas su un tant soit peu redresser la barre. Plus le temps passait, plus la tension rejaillissait. Les médias locaux disaient qu’il se comportait davantage comme un joueur que comme un entraîneur, et que son manque de sérénité apparent rejaillissait sur ses joueurs.

Youri Tielemans, qui l’avait connu en équipe nationale belge, a témoigné plus tard : “(Avec la Belgique), sur le terrain, ça coachait, il était très dur même, très exigeant. Et en tant que coach principal, il l’était encore davantage. Il avait une ligne de conduite que tu avais intérêt à respecter. Il a vraiment essayé de faire passer son message à Monaco, mais il n’a malheureusement pas eu le temps de le faire.”

Une situation à laquelle a déjà pensé Bacary Sagna, puisque le défenseur montréalais a tenu les propos suivants à Ian Cheeseman dans Treble Triumph : “Ce n’est pas facile de passer du jour au lendemain du rôle de joueur au rôle de manager. Un joueur réfléchit comme un joueur, un manager c’est différent. J’ai eu l’occasion de jouer avec Thierry Henry en équipe de France. Ses idées tactiques étaient fantastiques, mais c’est tout un art de les transmettre à ses joueurs. Un coach doit savoir ce qu’il se passe dans la tête des joueurs et être capable de se mettre à leur place. C’est d’autant plus compliqué lorsque ces joueurs n’ont pas le même niveau que celui qui était le vôtre.”

IGNORÉ ET RELANCÉ


Il va sans dire que l’expérience monégasque d’Henry devra lui servir à Montréal et qu’il en discutera avec son ancien équipier chez les Bleus. Aux côtés de Roberto Martinez, Henry a été on ne peut plus utile à l’équipe nationale belge. D’ailleurs, une fois son départ de Monaco annoncé, de nombreux joueurs ont souhaité son retour. Ses conseils étaient précieux, il a permis d’améliorer des détails importants, qui ont fait une différence, comme la technique de frappe de certains attaquants. Mais un entraîneur principal doit être capable d’avoir une gestion globale. Trompettiste de génie, Louis Armstrong était sans nul doute capable d’aider d’autres musiciens à mieux gérer leur souffle pour jouer des partitions plus difficiles, mais pouvait-il être chef d’orchestre ?

L’expérience monégasque ne plaide pas en la faveur d’Henry et, dans un premier temps, les dirigeants des autres clubs doutent de lui. Malgré l’absence d’offres d’emploi, ce mordu de foot reste évidemment plongé dans sa passion et continue de regarder une pléthore de rencontres. Il parle aussi avec ses anciens entraîneurs et rencontre des confrères qui exercent dans d’autres sports afin d’enrichir son bagage.

Il revient petit à petit dans l’actualité, notamment lors de rumeurs le citant à New York plus tôt cette saison. Mais Chris Armas conserve son poste. L’été dernier, il reçoit plusieurs offres, mais elles ne correspondent pas à ses attentes, que ce soit en raison du projet, du club ou parce qu’on lui propose d’être adjoint. Toutefois, ça le remet en selle, il veut à nouveau diriger une équipe. Et il y a quelques semaines, il offre ses services à Montréal. Avec la suite que l’on connaît.

De nombreux grands joueurs se sont lancés dans une carrière d’entraîneur. Sans surprise, ils s’inscrivent dans un spectre qui oscille entre succès retentissant et échec monumental. À Montréal, Henry pourra effacer ses débuts ratés à Monaco, où les circonstances nous permettent difficilement de juger son travail. Nul ne doute de sa passion du ballon rond, de sa compréhension du jeu et des joueurs. Il doit désormais prouver qu’il est capable de transmettre son puits de connaissance afin que l’équipe qu’il a sous sa direction concrétise ses intentions sur le terrain.
M. V.H.
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