MONTRÉAL : Bush, Camara, Cabrera, Lefèvre, Oyongo, Bernier (61e Mallace), Alexander, Salazar (85e Venegas), Shipp (72e Bekker), Piatti, Oduro
NEW ENGLAND : Knighton, Tierney, Goncalves, Woodberry, Farrell, Caldwell (72e Fagundez), Kobayashi (64e Watson), Rowe, Nguyen, Bunbury (85e Femi), Kamara
ARBITRE : M. Penso
AVERTISSEMENT : Caldwell, Knighton
LES BUTS : 18e Kamara (0-1), 33e Kamara (0-2), 40e Salazar (1-2), 48e Salazar (2-2), 54e Piatti (pen., 3-2)
Après une première partie de match affligeante permettant à New England de prendre deux buts d’avance, Montréal a profité des largesses défensives adverses, d’un début de deuxième mi-temps tonitruant et d’un jour de grâce de Salazar pour s’imposer 3-2 et prendre trois points aussi importants au classement que pour la confiance.
Pas toujours fringant et plutôt irrégulier depuis quelques semaines, New England était un adversaire intéressant pour se relancer. Certains espéraient des changements dans l’équipe pour lui donner un électrochoc. Mauro Biello en a effectué trois, parfois contraint. Drogba blessé et Ontivero malade n’étaient pas dans le onze de base, tout comme Bekker. Tout profit pour Salazar, Shipp et Bernier. L’entraîneur délaissait aussi l’éphémère 4-4-2 pour remettre trois éléments dans l’axe de l’entrejeu, ce qui sied mieux au capitaine. Et avec quelques hommes rapides, il y avait peut-être moyen de profiter des espaces que la défense de New England laisse parfois dans son dos.
Mais c’est surtout sur les côtés qu’elle fait preuve de faiblesse, laissant beaucoup centrer. Même si c’est loin d’être une force de l’Impact, les largesses adverses lui ont permis d’en profiter. Oyongo est l’un des rares à faire preuve d’agilité dans le domaine, et il a rapidement mis cette carence visiteuse à jour. On jouait depuis trois minutes à peine qu’un corner mal dégagé arrivait au Camerounais qui avait tout le temps d’envoyer un centre repris par Oduro d’une tête piquée obligeant Knighton à effectuer une belle détente.
C’était toutefois un leurre tant la première mi-temps montréalaise fut faible. Alors que le rythme était tout sauf endiablé, les joueurs étaient deuxièmes sur presque chaque ballon. On ne peut même pas parler de différence d’engagement entre les deux équipes, car New England n’en faisait pas preuve tant que ça, c’était vraiment un problème de retard dans les duels.
Et ce n’était pas le seul problème. Alors que le jeu rapide n’est vraiment pas une force offensive de New England, les visiteurs ont profité d’une perte de balle montréalaise dans leur rectangle pour traverser le terrain en trois passes. Le ballon est passé par la gauche, dans les pieds de Tierney, Nguyen et Rowe, avant d’arriver à Kamara, seul face à Bush et qui n’a eu aucun mal à marquer son premier but en championnat sous ses nouvelles couleurs (0-1).
Alors qu’aucun sentiment de révolte ne pointait à l’horizon, le match s’enlisait entre une équipe dont les rares initiatives échouaient et une autre se contentant d’un rôle de spectatrice et ne se réveillant qu’au moment de profiter des erreurs adverses. Comme un corner sur lequel tous les Montréalais sont passés à travers, ce qui a permis à Kamara de reprendre le ballon de la tête au premier poteau et de tromper Bush qui s’est retrouvé sur les fesses (0-2).
Avec deux buts de retard contre un adversaire quand même faible, à ce moment du match, le désespoir se mélangeait à l’espoir. Le premier en raison du score et de la prestation contre une telle équipe… le second parce que, justement, ses deux buts d’avance étaient un beau viatique mais pas une garantie pour autant. Valait évidemment mieux se relancer dès que possible, idéalement avant la pause.
C’est ce qui est arrivé quand Piatti a ouvert sur la gauche vers Oyongo, qui a eu tout le loisir d’envoyer un centre sur lequel Gonçalves et Knighton se sont gênés. À l’affût derrière eux, Salazar a prolongé le ballon au fond des filets et, surtout, offert une nouvelle vie tant à son équipe qu’au suspense (1-2).
C’était d’autant plus encourageant que les débuts de deuxième mi-temps de Montréal sont généralement déroutants. Ce fut une nouvelle fois le cas. Le jeu avait à peine repris depuis deux minutes que la défense visiteuse a offert à Camara tout le loisir de centrer en direction de Salazar, très mal tenu. Cela lui a laissé le temps de rattraper un contrôle difficile et d’envoyer une frappe, celle de son deuxième but de la soirée, synonyme d’égalisation (2-2) !
Déroute était bien le mot pour les visiteurs, puisque cinq minutes plus tard, très bien lancé par Shipp, Piatti, légèrement décalé sur la gauche, est arrivé dans le rectangle où Knighton a entamé sa sortie avec trois heures de retard. Il semblait légitimement croire qu’il allait sur le ballon, mais il ne pouvait que toucher l’Argentin et concéder un penalty. La victime s’est fait justice et en moins d’un quart d’heure, la balance avait complètement basculé (3-2).
New England a rapidement donné l’impression qu’il allait tenter d’égaliser dès que possible. Un centre de la droite de Bunbury est passé devant Kamara à qui il ne manquait presque rien pour toucher le ballon et le prolonger dans la bonne direction.
Mais comme l’occasion d’Oduro en tout début de rencontre, c’était un leurre. Après s’être installés dans le camp montréalais, les visiteurs faisaient preuve d’une énorme impuissance. La défense locale avait retrouvé une bonne partie de ses esprits et était bien aidée par un adversaire qui manquait cruellement d’imagination et multipliait les déchets techniques.
Ainsi, durant la dernière demi-heure, la plus grosse menace fut un centre de Rowe sur lequel Femi, Kamara, Lefèvre et Cabrera se sont jetés, provoquant un carambolage alors que le ballon arrivait facilement dans les mains de Bush.
La meilleure occasion fut même montréalaise. À la dernière minute, un contre a permis à Piatti de lancer Oduro. À moins de dix mètres du but et serré de près par deux adversaires, le Ghanéen est quand même parvenu à tenter sa chance, obligeant Knighton à se coucher.
Montréal a sauvé son match et coulé la trirème visiteuse (un bateau de guerre antique qui coule à la moindre tempête) grâce à deux tornades : celle, qu’on a souvent vue, du début de la deuxième mi-temps, et une autre venue de Belize, nommée Salazar. Ces trois points sont on ne peut précieux, tant dans un classement très serré que pour une confiance que l’on sent fragile par moments.