MONTRÉAL : Bush, Oyongo, Cabrera, Ciman, Toia, Donadel, Reo-Coker (71e Mallace), Duka (84e Oduro), Bernier (77e Bekker), Piatti, Drogba
TORONTO : Konopka, Morrow, Kantari (46e Zavaleta), Williams, Jackson, Osorio (70e Delgado), Cheyrou, Bradley, Findley (72e Gomez), Giovinco, Altidore
ARBITRE : M. Toledo
AVERTISSEMENTS : Delgado
LES BUTS : 19e Bernier (1-0), 33e Piatti (2-0), 39e Drogba (3-0)
Les Montréalais pensaient que le scénario idéal serait de commencer le match de ce jeudi soir comme la deuxième mi-temps de dimanche dernier. Il pouvait y avoir plus beau encore, et ce match du premier tour a eu des allures de conte de fées, avec une victoire 3-0 contre Toronto. Au prochain tour, Montréal affrontera Columbus. Match aller ce dimanche au stade Saputo.
Alors que Toronto alignait la même équipe que dimanche, Mauro Biello avait réservé une énorme surprise en titularisant Patrice Bernier et en décalant Piatti sur la gauche (une première très attendue par bien du monde). Un essai qui n’en était pas tout à fait un car c’est à ce poste que l’Argentin évoluait à San Lorenzo, mais il fallait quand même l’oser à ce stade de la saison.
Il ne fallut pas attendre longtemps pour voir le joueur désigné se mettre en valeur. On jouait depuis à peine trois minutes qu’il tentait un effort solitaire en partant de son flanc, rentrant de le jeu puis en envoyant un tir un peu écrasé que Konopka dut quand même dévier en corner.
La réplique torontoise ne se fit pas attendre. Légèrement décalé sur la gauche, Giovinco reçut un long ballon. Mais, tenu de près par Cabrera, il ne put pas rentrer dans le jeu. Il eut quand même le dessus à la course et est arrivé à tirer : l’angle était fermé et Bush, bien placé, n’eut aucune peine à s’emparer du ballon.
Dès le coup d’envoi, Montréal avait affiché les mêmes dispositions qu’en début de deuxième mi-temps dimanche : ne jamais relâcher la bride sur son adversaire, même très haut. Et cela a payé. Un premier dégagement raté a été récupéré par Duka qui a tenté un très subtil centre tir de l’extérieur du pied : Konopka l’a repoussé du bout des doigts, le ballon est resté dans la zone dangereuse mais est arrivé un rien trop loin des deux Montréalais à l’affût. Autre preuve des problèmes de Toronto à se dégager avec ce ballon récupéré par Piatti à 20 mètres du but, suivi d’un tir un peu trop croisé de l’Argentin.
Hormis sur un coup franc repris par de la tête par Bradley, signalé hors-jeu, Montréal ne laissait pas ses adversaires s’approcher du but de Bush. Par contre, dans le camp adverse, il y avait des espaces béants, et les joueurs locaux s’y engouffraient avec joie. Depuis le milieu du match précédent, Jackson, qui reste pourtant sur une bonne saison, semblait paralysé face à Duka et consorts. Piatti s’en donnait à cœur-joie, comme quand une superbe ouverture de Duka lui a permis de se retrouver seul face à Konopka, qui a remporté le face-à-face.
On ne sait pas trop quelle mouche avait piqué une équipe de Toronto aux intentions très offensives, qui n’arrivait pas à ses fins, loin de là, et oubliait de défendre. Ça ressemblait à un Columbus des mauvais soirs (et de dimanche prochain, espèrent de nombreux supporters montréalais). Se faire prendre aussi souvent en contre à l’extérieur tient de la faute grave. Et la punition n’a pas tardé. Après une récupération en milieu de terrain, le ballon est passé rapidement par les pieds de Reo-Coker, Piatti puis Bernier qui l’a glissé sous Konopka (1-0). Le capitaine à la finition du premier but de cet important match contre le grand rival : il est loin le temps où il devait se morfondre sur le banc… Cela valait bien une ovation de tout le stade (qui en a réservé d’autres à Ciman et Drogba plus tard dans la soirée).
L’ouverture du score a calmé les ardeurs… de tout le monde. Après un très bref relâchement, Montréal est bien revenu dans l’aspect défensif de son match, tenant son adversaire toujours aussi loin du but. On a alors pu regarder de plus près le jeu offensif torontois, ou plutôt une succession de tentatives avortées dans une soirée où, il faut le reconnaître, rien ne tournait. Dans toutes les situations, la défense des bleu-blanc-noir avait le dessus.
Après dix minutes un peu moins calmes (mais toujours très agréables à regarder), le spectacle a pu reprendre de plus belle. Piatti nous a gratifiés d’une première séance de dribbles, un slalom où il a pensé plusieurs fois avoir effacé Williams, mais le défenseur a chaque fois réussi à se replacer et a finalement contré le tir de l’Argentin.
Il en fallait plus ? Pas de problème ! La soirée peau de bananes se poursuivait avec une perte d’équilibre de Kantari. Piatti en a profité pour récupérer le ballon plein axe. Williams le tenait encore de près mais n’a pas pu l’empêcher de tirer : Konopka était battu, Toronto abattu (2-0).
Le calvaire ontarien n’était pas fini. Cette première mi-temps cauchemardesque était couronnée par un jumelé perte de balle - distraction coûteuse. Duka, fin seul à l’entrée du rectangle, en a profité pour recevoir le ballon. Et si le retour de défenseurs l’a empêché de tirer, il a pu donner à Bernier, isolé sur la droite. D’un angle fermé, le capitaine a envoyé un tir repoussé devant la ligne, mais le ballon lui est revenu dans les pieds. Il l’a envoyé au deuxième poteau où Drogba, oublié, a porté les chiffres à 3-0.
Sauver l’honneur ou tenter l’impossible : on ne sait pas trop à quoi les Torontois pensaient en remontant sur le terrain, mais ils se sont installés dans le camp montréalais, où ils continuaient de buter sur une défense toujours aussi imperméable. Seule porte de sortie envisageable : les phases arrêtées. Giovinco a envoyé un superbe coup franc à la trajectoire tombante, que Bush a repoussé d’un arrêt certainement encore plus difficile que spectaculaire.
Mais ce vain espoir n’a duré qu’un quart d’heure. On voyait on ne peut plus clairement dans quel camp était la confiance. Ayant de l’espace devant lui, plein axe, sans toutefois être dans la meilleure position, Donadel a tenté un tir un peu désespéré, qui a certes bondi mais n’aurait pas dû poser de problèmes à Konopka. Ce dernier a cependant relâché le ballon qui, heureusement pour lui, est arrivé à un de ses coéquipiers.
Hormis des tirs de loin, entre autres de Bradley, Morrow ou Osorio, Toronto ne parvenait plus à tenter sa chance. Enfin, avant cela non plus, ils ne créaient pas grand-chose. Seul Giovinco surnageait, ses équipiers étaient tous cantonnés au silence, sans que cela n’empêche la défense montréalaise d’être présente collectivement pour empêcher l’Italien, déjà très isolé, de réussir les exploits individuels auxquels il était réduit.
Dans le camp d’en face, les passes étaient un peu moins précises, le jeu un peu moins rapide. Cela n’empêchait pas Piatti, Drogba et consorts de se retrouver de temps à autre en position de tir. Konopka était rarement menacé, mais a quand même poussé un grand ouf de soulagement quand, à un peu plus de 10 minutes du terme, un tir de l’Argentin oublié sur son côté gauche a été repoussé par le poteau.
L’humiliation se poursuivait pour Toronto, notamment quand Mallace et Bekker, pourtant pas reconnus comme les meilleurs techniciens du championnat, se sont permis une séance de dribbles en plein cœur de sa défense. L’ancien joueur du TFC a même failli marquer d’un beau tir plein d’effet de l’entrée du rectangle, un rien trop croisé.
C’était le dernier fait saillant d’un match disputé dans l’ambiance des grands soirs au stade Saputo. Enfin, match est un bien grand mot tant il n’y eut qu’une seule équipe sur le terrain. Prochaine échéance contre Columbus, une des équipes les plus agréables à regarder en MLS mais dont le style a très bien convenu à Montréal cette saison. Match aller dimanche à Montréal, retour une semaine plus tard en Ohio.