Toronto, morne plaine

Toronto FC - Impact Montréal 2-1 – Match de championnat (phase classique) joué le 29/08/2015

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TORONTO : Konopka, Morrow, Williams, Kantari, Lovitz (46e Morgan), Cheyrou (33e Altidore), Warner, Osorio, Bradley, Delgado, Giovinco (51e Findley)

MONTRÉAL : Kronberg, Oyongo, Ciman, Cabrera, Toia, Donadel, Mallace, Romero (79e Miller), Venegas (58e Jackson-Hamel), Tissot (58e Mapp), Oduro

ARBITRE : M. Villarreal

AVERTISSEMENTS : Warner, Cabrera, Oduro

EXCLUSION : 77e Ciman (2j.)

LES BUTS : 35e Bradley (1-0), 55e Altidore (2-0), 74e Oduro (2-1)


Le voyage à Toronto a encore tourné au vinaigre pour Montréal qui s’est incliné 2-1 en ratant des occasions en or et a fini à dix suite à l’exclusion de Ciman en fin de rencontre.

Bush toujours en congé de paternité, Piatti et Drogba encore blessés (tout comme Bernier, mais bon, on connaît les plans de Frank Klopas pour lui), Duka s’ajoutant à la liste et Mapp épargné car il avait beaucoup joué depuis son retour de blessure : si l’entraîneur a tenté dans la mesure du possible d’aligner son onze et son système habituels, il a été contraint à quelques changements. Kronberg prenait évidemment place dans le but, Tissot était titularisé au milieu gauche, Romero passant à droite, et Venegas se retrouvait à nouveau dans le rôle du créateur dans l’axe de l’entrejeu.

De créativité, toutefois, il ne fut guère question. Tout comme de centres, pourtant volonté exprimée publiquement par l’entraîneur avant le coup d’envoi. Vitesse et cadeaux allaient davantage être les leitmotivs des attaques montréalaises les plus dangereuses. Premier exemple, quand Williams a complètement raté son contrôle suite à une passe en retrait : Oduro, à l’affût, lui a piqué le ballon, a bien contourné Konopka mais a ensuite raté le plus facile en perdant l’équilibre au moment de frapper, ce qui fait qu’il a lamentablement tiré à côté du but vide.

Une minute plus tard, Konopka devait repousser des poings un coup franc plein axe sur lequel Ciman avait tenté sa chance directement. Cela donnait le ton au match, avec des occasions montréalaises. Mais le jeu, lui, était relativement équilibré. Toronto était menaçant d’une manière différente : il tentait de jouer par à-coups, avec des accélérations dans l’axe. Le genre d’action qui, si elle arrive à bon port, est extrêmement dangereuse, mais sinon, n’aboutit même pas sur une demi-occasion. Et longtemps, entre les passes imprécises, les hors-jeu, ou les interventions de défenseurs, l’équipe locale ne se créait pas de possibilité de but. Cependant, cela exige une concentration de tous les instants de l’adversaire.

Il faut dire que le premier quart du match a longtemps vu deux équipes en manque de créativité arriver à, dans le meilleur des cas, bien faire circuler le ballon, sans toutefois construire une action dangereuse digne de ce nom. Les phases arrêtées étaient pauvres, et c’est donc un nouveau contre, Montréalais, qui a offert un peu d’animation. Initié par le travail défensif de Venegas, il a vu Mallace débouler sur la droite avant d’envoyer un centre repoussé plein axe sur Tissot, dont la reprise en un temps a filé au-dessus.

On arrivait à la demi-heure et Toronto n’avait toujours pas eu la moindre occasion. Au contraire, Montréal s’en créait une nouvelle quand Toia, qui aujourd’hui était aligné à droite alors qu’Oyongo jouait à gauche, est rentré dans le jeu avant d’envoyer un tir tendu de loin, à côté. Toutefois, le reste du temps, Toronto avait de plus en plus le ballon, et continuait de taper sur le même clou, sans réussite. On sentait toutefois que l’équipe locale prenait un certain ascendant sur son adversaire. Restait à le matérialiser.

Il n’a pas fallu attendre longtemps, et Toronto n’a pas eu besoin d’une tonne d’occasion pour y parvenir. Giovinco, après s’être heurté à Cabrera en tentant d’accélérer dans l’axe, a récupéré le ballon et a immédiatement ouvert à gauche vers Osorio qui, en un temps, a remis le ballon au cordeau à un endroit où Bradley a surgi pour faire 1-0 !

L’après-midi contres et cadeaux pouvait se poursuivre. Une belle reconversion rapide montréalaise a permis à Tissot de centrer vers Oduro qui, serré de près par Lovitz, s’est jeté, comme son vis-à-vis. Aucun des deux n’est parvenu à faire l’utilisation souhaitée du ballon, qui a changé de trajectoire mais a lentement continué son chemin vers le but, avant que Konopka ne se jette et ne sauve de la main juste devant la ligne ! Le ballon est quand même arrivé à Venegas, qui a son tour a raté une occasion en or, en tirant au-dessus.

Juste avant la pause, sûrement inspiré par le geste de Williams en début de match, Cabrera a complètement raté son intervention, permettant à Altidore de s’emparer du ballon et de le céder à Giovinco, toutefois en position assez difficile, loin du but et avec des défenseurs devant lui. L’Italien a décidé de tenter sa chance, c’était très bien placé, mais l’intervention de Kronberg était très bonne.

Au retour des vestiaires, Toronto a commencé par monopoliser le ballon sans trop se montrer dangereux, avant que les échanges ne s’équilibrent un peu. Mais question occasions, c’était le néant pour Montréal… et à nouveau l’ultra-réalisme des Torontois, qui allaient encore marquer sur leur première possibilité de la mi-temps. Cette fois, c’est un contre qui allait faire mouche. Bradley a remonté un demi-terrain de façon autoritaire et impressionnante avant de centrer vers Osorio, dont la reprise en un temps a été repoussée par l’équerre du but, devant Altidore qui avait bien suivi et a montré à tout le stade comment négocier un rebond offensif. 2-0.

Même si l’impression régnait que le match était joué, il a pris une tournure assez incongrue au cours des 20 minutes suivantes, avec des occasions de part et d’autre. Juste avant l’heure de jeu, un centre de Mapp a été remis par Oduro vers Ciman, dont la reprise écrasée a fini hors-cadre. Bien plus dangereuse, la frappe des 20 mètres plein axe de Bradley, qui avait tiré juste après s’être retourné, prenait la direction de la lucarne avant d’être détournée par un Kronberg à la main solide.

On a ensuite eu droit à deux enchaînements d’occasions pour chaque équipe dans la même minute. Bradley, un des meilleurs hommes sur le terrain, a envoyé une superbe passe soudaine à travers tout le monde en direction d’Altidore qui, peut-être gêné par le retour d’Oyongo, a tiré à côté. Quelques instants plus tard, de son flanc droit, Mapp a envoyé un centre-tir qui a longé la ligne mais a fini un rien à côté sans qu’entre-temps personne n’ait pu le prolonger victorieusement.

Deux minutes plus tard, l’enchaînement a commencé par une occasion montréalaise, Mapp envoyant un long ballon à Oduro, le lançant seul face à Konopka dont l’excellente sortie lui a permis de remporter le face à face. À peine le temps de reprendre son souffle que Delgado avait tout le temps de partir sur la droite et de centrer vers Osorio, bien seul aux 25 mètres, mais la reprise de l’international canadien était mal ajustée et a fini au-dessus.

Toute cette agitation ne pouvait que se terminer par un but, et celui-ci a relancé le suspense. Oyongo, monté sur la gauche, a créé le surnombre, aussi car Romero était resté près de lui. Il a donc pu servir l’Argentin, qui a avancé et glissé le ballon à sa droite à Oduro juste à côté de lui. Le Ghanéen a placé le ballon au premier poteau, tout juste entre Konopka et son montant droit (2-1).

Mais l’espoir s’est amenuisé trois minutes seulement après le but. Alors qu’il tentait d’empêcher Findley de passer, Ciman a tendu la jambe et touché son adversaire lancé à pleine vitesse. La chute était spectaculaire, le défenseur était en retard même s’il n’y avait aucune intention méchante dans son geste. C’était cependant suffisant aux yeux de M. Villarreal pour lui donner son deuxième carton jaune de la soirée. Montréal devait donc remonter son but de retard avec un joueur de moins. Il lui restait un quart d’heure.

Toronto a bien entendu profité de son avantage numérique pour neutraliser les débats. Les supporters locaux ont quand même eu une grosse frayeur dans les arrêts de jeu, suite à un débordement de Mapp sur la droite (alors que Frank Klopas avait tenté de le changer de flanc après l’exclusion, ce qui a fortement déplu au joueur, selon le journaliste de RDS Patrick Friolet). Mapp a centré en retrait droit dans les pieds d’Oduro dont la puissante reprise en un temps a été repoussée par l’épaule de Morrow qui, en outre, avait gardé le bras le long du corps. Même si les Montréalais avaient le bras levé, il n’a jamais été question de penalty pour l’arbitre.

Un plan inadéquat, des vedettes blessées, des occasions en or ratées, beaucoup de découragement et des résultats décevants qui s’accumulent : l’impression laisse entrevoir une situation plus grave qu’elle ne l’est réellement, mais ce qui est plus inquiétant, c’est la spirale descendante dans laquelle s’enfonce l’équipe. Perdre à Toronto, cette saison, n’a rien d’humiliant sportivement parlant, même si pour la fierté, c’est dur car il s’agit du grand rival de Montréal. Ce n’est pas tant la défaite qui fait mal que l’impression de plus en plus perceptible que l’engrenage est complètement foutu. Prochain rendez-vous le 5 septembre, au stade Saputo contre l’ancien club de Frank Klopas, Chicago, dernier du championnat au moment d’écrire ces lignes. Pas la peine d’insister sur l’obligation de gagner ce match.

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