Les douze travaux de Rémi Garde

Publié le 17 janvier 2018

 Impact de Montréal
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Les entraînements reprennent dans moins d’une semaine, Rémi Garde est arrivé il y a un peu plus de deux mois. Il a certainement désormais une meilleure idée des défis qui l’attendent à Montréal, et de leur ampleur. Nous en avons relevé douze… et il y en a sûrement d’autres. Sa tâche n’est pas mince, loin de là. D’autant que les attentes sont proportionnelles à l’enthousiasme suscité par sa nomination.

1. Reconstruire l’équipe comme si elle était nouvelle. L’Impact de Montréal ne vient pas de naître et n’en est pas à ses débuts en MLS. Pourtant, sur le terrain, ça y ressemble beaucoup. La plupart des titulaires du début de la saison dernière ne sont plus là, ou restent sur une année décevante. Chez les anciens, à moins d’une semaine de la reprise, seul Piatti semble assuré d’être régulièrement sur le terrain cette saison. Ça ne veut pas forcément dire que le niveau ne sera pas là, mais bien que le nouveau départ ne concerne pas seulement l’entraîneur et l’encadrement technique, mais bien l’équipe au complet.

2. Composer avec les contraintes contractuelles. C’est la manière gentille de dire “travailler avec des joueurs qu’il n’a pas souhaités”. Et ce, sans faire injure aux joueurs en question ni à Garde. Mais quand un nouvel entraîneur arrive, encore plus en MLS qu’ailleurs, il a sous ses ordres des joueurs désirés par son prédécesseur et qui n’ont pas forcément envie de quitter le club, d’autant qu’ils y ont un bon contrat. Parmi eux, l’un ou l’autre séduira probablement Garde. Mais on en verra aussi plusieurs quitter au fil des mois, permettant à l’entraîneur de davantage mettre l’équipe à sa main. Cela prendra du temps, ce n’est pas anormal. Et pour y parvenir, il devra aussi maîtriser les contraintes contractuelles particulières aux règlements de la MLS.

3. S’appuyer sur des cadres de confiance. Les départs de Bernier, Ciman, Camara et Dzemaili ne sont pas sans conséquence. Tous ces joueurs apportaient, à des doses diverses, leadership, charisme, popularité ou expérience. À ce jour, il y en a beaucoup moins dans l’équipe. Si Garde a insisté sur l’importance du collectif, il a ajouté : “Mais il faut être réaliste, il faut aussi des cadres dans l'équipe et ceux-là, je vais essayer de les mettre dans les meilleures dispositions.” Ces cadres seront pour la plupart nouveaux, et devront à la fois porter l’équipe sur leurs épaules, servir de relais à l’entraîneur, s’acclimater à un nouveau club voire à une nouvelle compétition et, pour certains, devenir des figures populaires. Le choix du capitaine sera un premier geste, aussi délicat que fort.

4. S’ajuster aux jeunes d’ici et à leur niveau. On loue beaucoup le travail de Garde et de ses adjoints avec les jeunes tout au long de leur carrière. Toutefois, l’essentiel de celle-ci s’est déroulé en France, au sein d’un système de formation et d’un championnat qu’ils connaissent bien. Il leur était facile de savoir si des jeunes étaient en avance ou en retard dans leur cheminement, de connaître les compétences requises à chaque stade de leur carrière, de les comparer avec leurs homologues des autres clubs du championnat. Ils doivent désormais adapter leurs outils de mesure à la MLS, à Montréal (et à l’absence d’une équipe réserve pourtant essentielle), tout en maintenant leur niveau d’exigence et en faisant parler leurs compétences qui permettront d’apporter une plus-value dans l’éclosion des jeunes joueurs.

5. Rendre son groupe performant sur la durée. Même si la forme de fin de saison peut aider à soulever la Coupe MLS, la régularité est importante pour terminer au-dessus de la ligne rouge. On a vu la saison dernière à quel point il était compliqué de courir après sa queue. Pour éviter les trop gros creux de forme, il y a plusieurs avenues. La préparation physique en est, évidemment, une. Le calendrier de la MLS, exempt de trêve, est particulier, et les années anglaises de Garde devraient lui permettre de surmonter un écueil qui a fait chuter d’autres entraîneurs étrangers. Il sera aussi aidé s’il parvient à bien gérer son effectif et à le faire tourner sans que ça ne nuise aux performances. À cette fin, il devra aussi jongler avec l’écart de niveau entre les joueurs, d’autant que les noyaux sont plus hétérogènes en MLS qu’ailleurs.

6. Recruter par-delà le réseautage. Avoir de bons contacts et des connaissances, ça aide, mais c’est trop léger afin de bâtir une bonne équipe. Demander à des hommes de confiance ou à des agents s’ils connaissent un joueur qui correspond aux besoins, ça ne suffit pas. Le recrutement du club doit passer par des méthodes plus modernes, des analyses approfondies, tant des besoins de l’équipe que de recrues potentielles avec qui on n’a, a priori, aucun contact. Les moyens d’aujourd’hui le permettent, afin qu’aller sur place et discuter soit la dernière étape et non une des premières. Le recrutement ailleurs en MLS doit aussi être amélioré d’urgence : une des tâches de Garde et de son entourage cette saison est d’apprendre à bien connaître les joueurs des autres clubs du championnat, et de détecter les renforts potentiels. Ce genre de joueur est crucial en MLS.

7. Se bâtir une bonne image. Chaque entraîneur de Montréal en MLS a eu un rapport particulier avec les supporters et les médias. Des gestes ont valu à certains d’être appréciés (Marsch apprenant le français) ou les ont enfoncés davantage (Klopas ne faisant pas jouer Bernier), et on juge beaucoup l’homme derrière l’entraîneur. Garde arrive en eaux troubles, et le départ de Ciman qui a marqué ses premières semaines ne fut pas une bonne campagne de relations publiques. Les observateurs soulignent souvent que le club semble improviser, qu’il est davantage dans la réaction que dans la construction. L’entraîneur a évidemment le temps et les atouts pour redresser cette barre, d’autant que l’annonce de son arrivée a suscité un enthousiasme quasi unanime ravivant une passion qui commençait à s’éteindre.

8. Utiliser ses erreurs à bon escient. Pour Garde, Bats, Duverne et Flachez, travailler en MLS, c’est découvrir l’inconnu. Si le sport est le même partout, les repères, eux, sont différents. Il y a de fortes chances qu’ils commettent des erreurs à cause de ça (tant mieux s’ils y échappent). On peut, par exemple, penser à de mauvaises évaluations ou à un recrutement pas approprié. L’important n’est pas de réussir du premier coup, mais bien d’accepter ces échecs (tant dans leur chef que dans celui des supporters, d’ailleurs) et d’en retenir les leçons. À la fin de la saison, il sera au moins aussi important de se pencher sur les progrès que sur le seul bilan chiffré final.

9. S’adapter aux objectifs exprimés publiquement. Avec exactement les mêmes joueurs sous ses ordres, Garde aura un travail extrêmement différent si le club parle d’année de transition ou fait preuve de grandes ambitions. Et ce, tant en ce qui concerne l’aspect sportif que sa communication avec l’extérieur. Les objectifs qui seront annoncés publiquement au coup d’envoi de la saison serviront de référence aux médias et aux supporters pour évaluer Garde. Ainsi, un bilan identique en fin d’année pourrait passer comme une réussite ou comme un échec en fonction de ce qui a été proclamé. Garde devra bien maîtriser cette donnée, surtout s’il est satisfait de son équipe même si les résultats ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées par le club, afin que son message soit le plus entendu.

10. Gérer l’impatience. L’Impact de Montréal et son entourage ne sont pas réputés pour faire preuve de patience. La haute direction est, entre autres, renommée pour avoir le sang chaud. Les supporters ne sont pas en reste, eux qui peuvent enflammer les réseaux sociaux quand les évènements ne se produisent pas (assez rapidement) à leur goût. Et leur impatience a été exacerbée ces derniers temps par certaines décisions sportives et administratives (le récent épisode du prix des places contre Toronto par exemple). Garde devra jongler entre cela, le fait qu’il n’a pas encore en mains toutes les cartes qu’il souhaite (et peut-être aussi des joueurs qui ne répondront pas à ses attentes), et la conscience qu’il a du temps nécessaire à mettre en place une équipe compétitive.

11. Séduire grâce aux résultats et au jeu proposé. Bien entendu, le terrain sera le premier critère d’évaluation du travail de Garde. Depuis que Montréal évolue en MLS, l’équipe n’a jamais réussi à conjuguer les résultats et la manière sur une période suffisamment longue. Les bons résultats furent trop souvent tempérés par des sentiments du genre “untel nous a sauvés la mise” ou “l’Impact s’en sort bien”. Les débats sur le style et la philosophie de jeu manquant de clarté n’ont pas manqué… tout comme les paradoxes et les contradictions. Dans un premier temps, il sera important que les supporters aient la certitude que l’équipe va dans la bonne direction, même si les résultats se font attendre. Et à un moment donné, évidemment, ils devront suivre.

12. Propager sa culture du football à tout le club. Garde et l’encadrement technique qui l’accompagne ne sont pas les premiers venus. Année après année, on déplore que l’Impact manque de “têtes de foot”, de gens dont le vécu dépasse largement les frontières et le niveau du soccer canado-américain des décennies précédentes. Ce n’est désormais plus le cas et ils devront, même si cela fera grincer beaucoup de dents, déborder des seules tâches liées à leurs fonctions afin de propager cet aspect culturel quasi-inné pour eux. Cela permettra au club d’accomplir des progrès tant attendus, d’être plus fort en tant qu’organisation, et ce, à long terme.

Les défis qui attendent Rémi Garde sont nombreux. Ils sont à la fois sportifs et extra-sportifs. Son arrivée, ce n’est pas un changement d’entraîneur ordinaire. Elle peut coïncider avec un changement de culture complet au sein du club. Dès lors, il sera malvenu de l’évaluer à la seule aune des résultats. On peut établir le parallèle avec Chicago, où le bilan chiffré de la première saison de Veljko Paunovic ne fut pas bon, mais où le travail de l’entraîneur a jeté les bases d’un redressement spectaculaire par la suite. Ici, on peut presque parler d’Impact nouveau. L’objectif est que Garde arrive à lui faire accomplir de grands pas en avant, même si les premiers sont hésitants ; et s’il s’y prend bien, il pourra marcher la tête haute avec le club pendant de nombreuses années.
Matthias Van Halst
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