Des objectifs, mais quelle direction ?

Publié le 18 septembre 2017

 Impact de Montréal
Commenter
  • Whatsapp
  • Print
  • Email
La défaite de ce samedi contre Minnesota a fait très mal. À beaucoup de monde. Joueurs, staff technique, dirigeants et, évidemment, supporters. Plus que le résultat, la manière reflétant la plupart des maux sportifs de la saison ainsi que l’envol des derniers espoirs de finir au-dessus de la ligne rouge ont rendu cela encore plus douloureux. À tel point que les hauts dirigeants du club ont réagi.

JOEY SAPUTO : “PATIENCE ET CHANGEMENTS”


Tout a commencé dimanche, avec une déclaration officielle du président Saputo via le site Internet du club. Il y dit ne pas être du genre à se cacher ou à ne pas faire face à l’adversité, et ajoute qu’un message a été transmis au personnel technique et aux joueurs après la dernière prestation en-deçà des attentes. Il ajoute que le club souhaite tout faire pour satisfaire ses supporters, parle de changements mais insiste aussi sur les objectifs présentés en début de saison et surtout l’échéance de cinq ans pour les atteindre, demandant de la patience.

Parmi eux, l’objectif de soulever la Coupe MLS d’ici 2021 est celui qui a le plus marqué les esprits. Ça n’en rend pas la formation de jeunes joueurs ou le développement de la culture soccer à Montréal moins intéressants, au contraire, d’autant que beaucoup de choses sont liées. On ne peut pas tout détailler, et c’est davantage le premier d’entre eux qui servira à illustrer les propos effectués en ces lignes. Mais cela vaut pour tous les buts fixés.

Bien entendu, l’atteinte de ces objectifs ne se passe pas en vase clos. On n’est pas dans une situation où rien ne va se produire de visible jusque fin 2021, moment où on viendra constater s’ils sont atteints ou non. Le monde du sport ne fonctionne pas comme cela. Le club et son président se targuent souvent de vouloir faire preuve de transparence (comme ce fut le cas par exemple l’hiver dernier en annonçant l’arrivée de Dzemaili longtemps à l’avance). On nous parle de plan de cinq ans, il serait donc intéressant de connaître les différentes étapes du plan en question, domaine par domaine.

BESOIN DE RÉFÉRENCES


Ainsi, avec des éléments concrets, tant les supporters que les médias pourront évaluer et se faire une idée de l’avancée en direction de ces objectifs. Évidemment, certains éléments ne sortiront jamais (combien il compte dépenser en transferts par exemple). Cependant, dans un tel plan, les secrets d’État sont ce qu’il y a de plus rare, et de nombreux objectifs intermédiaires peuvent être dévoilés publiquement.

Des exemples ? Des analogies plutôt, pour éviter toute confusion entre ce qui serait dit ici et ce que le club a réellement dit. La première me passant par la tête était celle d’un cégépien de 19 ans souhaitant être informaticien 5 ans plus tard. Avec, comme exemples d’étapes, son entrée à l’université, des stages de plus en plus sérieux, un emploi à temps partiel dans son domaine, décrocher son diplôme, pour arriver un travail d’informaticien à plein temps après cinq ans. Sauf que ça ne fonctionne pas dans le cas qui nous intéresse. Car l’étudiant part en quelque sorte du bas de l’échelle, sans réelle possibilité de reculer. Ça aurait été pertinent pour l’Impact en 2012, lors de son entrée en MLS.

Non, là le club a déjà eu cinq ans pour gravir des échelons en MLS. Un peu comme un restaurant qui souhaite être élu meilleur de la ville dans les cinq ans, et a déjà l’un ou l’autre cuisinier réputé en ses rangs, a accueilli des clients renommés, a déjà eu de bonnes critiques dans des revues spécialisées, mais peut par ailleurs améliorer la qualité des plats au menu, la fraîcheur de certains ingrédients et n’a pas la salle la plus attirante. Il pourrait par exemple se fixer comme étapes intermédiaires de varier la gamme de prix au menu pour attirer les grands gastronomes mais aussi ceux qui découvrent les plaisirs du goût, d’engager un chef capable de trouver des cuisiniers qui ne ratent jamais un plat ou encore un nombre d’étoiles Michelin à obtenir après telle ou telle année. Enfin, vous voyez où on veut en venir…

QUELLES AVANCÉES DEPUIS UN AN ?


Donc, le club ne part pas de zéro. Comment évaluait-il sa situation lorsque le plan a été lancé ? Car c’est bien là la base, le point de départ du travail à accomplir. C’est simple à savoir, puisque le jour de l’annonce, Saputo avait effectué un point de la situation assez détaillé. Pour l’aspect sportif, il disait : “(Nous avons) du jeu excitant, des joueurs soudés, un staff technique dévoué. Depuis nos débuts en MLS, l’identité et la direction de cette équipe n’ont jamais été aussi bien définis. Nous avons tous les ingrédients nécessaires à notre objectif de remporter la Coupe MLS d’ici cinq ans.”

Sachant cela, quelles étaient les étapes à atteindre après un an ? Ne parlons ici que dans l’optique de remporter la Coupe MLS avant 2021, même s’il faut évidemment effectuer l’exercice pour chacun des buts du plan quinquennal. En chiffres, il s’agissait du top-4 de la Conférence Est et d’une victoire en Coupe du Canada. Mais on sait bien qu’un seul classement ou une coupe en vitrine, ce n’est pas forcément représentatif du travail accompli – tant dans un sens que dans l’autre d’ailleurs. Qu’est-ce qui a été atteint, qu’est-ce qui ne l’a pas été ? Sur quoi est-on en avance, dans les temps ou en retard ? Quels ingrédients, pour utiliser les mots du président, ont été améliorés, lesquels ont disparu ? Pourquoi ? S’est-on rapproché ou éloigné non seulement de l’objectif final mais aussi, tout simplement, de là où on voulait arriver au terme de la deuxième année ?

Si on veut évaluer le travail du club de façon juste et objective, avoir des critères, des éléments concrets et des points de comparaison est indispensable. Sinon, l’émotion du moment a toutes les chances de prendre le dessus, avec son lot de jugements hâtifs et de raccourcis plein d’excès d’enthousiasme ou de défaitisme. En outre, avoir des points de référence (qui, répétons-le, n’ont rien de secrets d’État), donne matière à discussion tant aux médias qu’aux supporters : chaque minute à parler du club (encore plus quand c’est de manière réfléchie, que ce soit en termes positifs ou négatifs) constitue de la communication bénéfique pour l’Impact de Montréal.

CONFIANCE ET INVESTISSEMENT


N’aborder ce sujet que 24 heures après la déclaration présidentielle a aussi permis de voir les réactions sur les réseaux sociaux. La plupart d’entre elles sont négatives – sans surprise en ces temps difficiles. Commençons par les positives, qui abondent souvent dans le même sens : les internautes les plus satisfaits parlent de leur confiance envers Joey Saputo, et on entend leur approbation d’une intervention “en bon père de famille”.

Les mécontents demandent certaines têtes (pas étonnant non plus lorsqu’un club sportif a des résultats décevants) mais une autre chose ressort, qui pourrait être synthétisée ainsi “Vous tentez de justifier le fait que vous n’investissez pas mais haussez les prix et nous demandez à nous d’ouvrir notre portefeuille.” La hausse des prix (supérieure à l’inflation) est un fait. L’avis sur les investissements du club et/ou du président porte bien plus à débat, mais c’est une perception qui se répand. Ce sentiment de paradoxe (“Le club demande aux supporters des efforts financiers auxquels il ne consent pas lui-même”) doit être entendu en haut lieu au club, car il risque de créer un éloignement.

NICK DE SANTIS : “INJUSTE POUR MAURO”


Ce délai de 24 heures a eu une autre conséquence : entre temps, Nicolas Martineau (TVA Sports) a écrit un article rapportant que Nick De Santis avait “passé un savon aux joueurs”, leur disant qu’ils “devraient avoir honte” et que leurs prestations étaient “injustes pour Mauro”. Il se serait fait dire par Ignacio Piatti que le staff technique et les dirigeants avaient aussi leur lot de responsabilités. Ambiance… Patrick Friolet (RDS) a ensuite ajouté que De Santis aurait “imploré les joueurs de ne pas forcer le club à écarter Biello”.

Outre tout le surréalisme qui entoure les évènements évoqués par les deux journalistes, ils ouvrent un nouvel épisode de la Telenovela “Qui est réellement responsable de quoi dans ce club ?” avec pour fil rouge le rôle de Nick De Santis. Là, il est impossible de cacher que si c’est lui qui va passer un savon aux joueurs, il est extrêmement haut dans la hiérarchie. Là encore, on nage en plein paradoxe et en zone on ne peut plus nébuleuse, entre juillet 2014, quand De Santis a été explicitement écarté de la direction de l’aspect technique, et son intervention dans le vestiaire dimanche. Et bien entendu, il va se faire tomber dessus par les supporters, surtout ceux (de plus en plus nombreux) qui ne voient que ses mauvais coups. Par ailleurs, l’impression générale que finalement rien n’a changé en trois ans malgré certains discours va prévaloir, étiolant un peu plus un sentiment de confiance envers le club en pleine érosion.

Il y a pourtant un autre aspect là-dedans qui a de quoi interpeller bien davantage. Quand les joueurs se font dire “C’est injuste pour Mauro”, cela démontre, tout naturellement, un certain sens des priorités. L’entraîneur est payé pour faire un travail défini, et vivre avec les réalités de son métier, parfois injustes admettons-le. Les supporters, eux, payent pour aller au stade, encourager l’équipe et voir des prestations déplorables comme celle de samedi contre Minnesota. En tout premier lieu, donc, c’est d’abord et avant tout du sentiment d’injustice envers eux dont il faut se préoccuper ! Surtout quand dans le même temps, ils manifestent leur impression que l’investissement du club n’est pas à la hauteur du leur.

BESOIN D’AIDE POUR ÉVALUER


Alors, qu’y a-t-il de vrai, qu’y a-t-il de faux, quels sont les problèmes et quelles sont les solutions ? Ces quelques lignes ne suffisent pas pour tout détailler, mais en cinq ans en MLS, des constantes se sont dégagées, peu importent les circonstances. Outre la communication déficiente, les problèmes d’évaluation et d’auto-évaluation reviennent tout le temps. Les choix d’entraîneurs en sont les meilleurs exemples. Quels sont les critères de décision et d’évaluation, tant pour embaucher quelqu’un que pour le garder ? Une année on nous dit que parler français est une condition sine qua non, la saison suivante Frank Klopas arrive. Si l’exercice 2017 se termine en queue de poisson comme en 2013, ou avec des résultats comme ceux qui ont valu la tête de l’ancien mentor de Chicago, justifier un sort différent pour Biello reviendra à se contredire une nouvelle fois.

Le personnel en place est là depuis suffisamment longtemps pour avoir eu le temps de faire ses preuves dans ce domaine. Insister n’y changera rien. Faut-il pour autant virer tout le monde (à commencer par De Santis) ? Non ! Il faut dans ce club quelqu’un qui ait une culture footballistique très solide et la connaissance du fonctionnement d’un club de haut niveau dont la mission première est de réaliser des évaluations. Pas simplement pour dire qu’un tel est bon et l’autre mauvais. Restons sur le cas De Santis : l’évaluateur ne dirait pas qu’il doit rester ou partir (d’autant qu’on sait très bien que c’est hautement improbable), mais bien quelles sont ses plus grandes forces, de façon à ce que ses tâches soient dans la veine de ses bons coups (et il en a réalisé plus qu’on veut bien le croire), ce qui serait bon tant pour lui que pour le club et même que pour un président qui tient énormément à son homme de confiance. Et pour les autres tâches, soit on a quelqu’un dans la maison, soit on en trouve un autre. Après, évidemment, il faut s’en tenir à ce qui est défini !

Idem pour le choix de l’entraîneur et des joueurs : quelles sont les compétences requises, quel est le type de jeu prôné, comment s’inscrit-il dans les attentes du public cible, est-il en phase avec les possibilités de recrutement, etc. ? Les petites ou grandes crises récurrentes à l’Impact sont, au pire, génératrices de bouc-émissaires, et donnent dans le moins pire des cas un mauvais rôle à quelqu’un qui aura ensuite du mal à s’en départir. Il est temps de valoriser les forces de gens en place plutôt que de continuer à exposer leurs faiblesses. Ça ne passe pas forcément pas une révolution de palais, même si cela peut amener des changements qui susciteront, dans un premier temps, de l’amertume en haut lieu. Mais ce sera pour le bien du club, et à la fin tout le monde s’en félicitera. Cependant, pour y parvenir, il faut faire évoluer la manière de diriger, ouvrir les portes du contrôle du pouvoir, et accepter d’aller chercher l’aide adéquate tout en étant capable de la trouver.
Commenter
  • Whatsapp
  • Print
  • Email

Calendrier

Prochain match

Montréal - Orlando
Samedi 20 avril, 19h30

Dernier match

Montréal - Cincinnati2-1
Samedi 13 avril, 19h30

► Calendrier complet

Classement MLS

JPts
  1. Miami915
  2. LA Galaxy815
  3. New York815
  4. Vancouver713
  5. Houston713
  6. Philadelphie713
  7. Columbus813
  8. Colorado812
  9. Salt Lake812
10. Cincinnati812
11. Los Angeles FC811
12. Atlanta711
13. Minnesota711
14. Charlotte811
15. Saint-Louis811
16. MONTRÉAL710
17. Toronto810
18. Kansas City810
19. DC United810
20. Portland89
21. Chicago89
22. Austin89
23. Orlando78
24. New York City88
25. Nashville77
26. Seattle76
27. Dallas75
28. New England74
29. San José83
► Classements complets

En direct du forum

20h07 - Montréal - Orlando : samedi 20 avril, 19h30 par Bxl Boy

15/4 - Seattle - Montréal : l'homme de la saison par Bxl Boy

15/4 - DC United - Montréal : l'Homme de la saison par Bxl Boy

15/4 - Montréal - Cincinnati : l'homme de la saison par KB7

► Aller sur le forum

Sur Twitter

Recherche

Écoutez Coup Franc

Buteurs

 Coccaro
 Martinez
 Vilsaint
 Alvarez
 Ibrahim
 Yankov
 Lassiter
► Toutes les stats

L'homme de la saison

Après 6 matches

1. Sirois
2. Piette
3. Coccaro
4. Choinière
5. Corbo

► Détails

Quiz

Quel est le vrai nom de Zé Roberto, qui a joué au club de 2002 à 2007 ?

  • Roberto Gomes
  • Jose-Luis Roberto
  • Jose Gomes-Santana
► Testez vos connaissances

Jouez avec nous

► Rejoignez la ligue ImpactSoccer.com