Quelques jours après l’officialisation du prêt de Matteo Mancosu, le nom d’un autre attaquant circule à Montréal, celui du Chilien Marcelo Larrondo. Un transfert impliquant un grand nombre d’acteurs et qui fait hurler au scandale bien du monde en Argentine, y compris le club actuel du joueur, Rosario Central.
Parlons tout d’abord du joueur, qui n’est pas le plus connu sous nos latitudes. Né en Argentine il y a bientôt 28 ans (il les fêtera en août), il a rapidement quitté l’Amérique du Sud puisqu’après un bref détour par l’Uruguay, il a signé à Sienne, en Italie, à l’aube de ses 21 printemps. Il y est resté quatre saisons, inscrivant 8 buts en 59 rencontres pour le club qui a vacillé entre Serie A et Serie B durant son passage.
Fin 2013, il est passé à Torino, où on l’a peu vu sur le terrain en deux saisons. Il a alors regagné son pays natal en 2015, où il a rapidement remonté la pente, à Tigre au début de l’année, à Rosario Central à partir de l’été. Tant et si bien qu’il faisait partie de la présélection du Chili (il a la double nationalité) pour la Copa America du centenaire, pour laquelle il n’a finalement pas été convoqué.
Un joueur prometteur qui peine en Italie avant de retourner en Argentine et de s’y épanouir pleinement et est aujourd’hui dans la force de l’âge, ceci n’est pas sans rappeler un certain Ignacio Piatti. Quant à son style de jeu, les buts disponibles sur Internet laissent entrevoir un gars qui sait se faire de la place dans le petit rectangle, aime le jeu aérien et les centres. De quoi en faire un successeur très intéressant pour Didier Drogba…
Quand la rumeur a franchi le Canal de Panama pour arriver au nord du continent américain, il n’a pas fallu longtemps pour qu’elle soit suivie de pluies d’insultes (pour les plus farouches) ou de commentaires mécontents venus d’Argentine. De quoi se poser des questions…
Et le premier à donner des réponses n’a été nul autre que… Rosario Central, le club du joueur, qui se sent complètement plumé, pour ne pas dire cocu, dans cette affaire. Une histoire d’agents sans scrupules, laisse-t-on clairement entendre du côté du club de la province de Santa Fe.
Sa version est la suivante : au moment de la signature du contrat du joueur, ses agents ont exigé d’y inclure une clause libératoire se montant à un million et demi de dollars. Le club n’en voulait pas et estime qu’on lui a forcé la main pour accepter. Voulant se débarrasser de ce qu’il considère comme un fardeau, il a récemment offert au joueur un contrat revu à la hausse, dépourvu d’une telle close. À Rosario, on affirme avoir reçu un accord verbal tant du joueur que de ses représentants. Mais au moment de signer, il y avait toujours une excuse et personne ne s’est jamais présenté…
Jusqu’au jour où les dirigeants se sont fait dire que le joueur avait invoqué cette clause, que le club allait recevoir le million et demi en question et que Larrondo s’en irait sans que Rosario Central n’ait le moindre droit de réplique. Si on se fie à cette version, cela signifie que l’accord est intervenu entre Montréal et les agents du joueur, dans le dos de son club, dindon de ce qu’il considère comme une farce de mauvais goût. Mais ce n’est pas tout.
Aux dernières nouvelles, Larrondo ne viendrait à Montréal qu’en janvier prochain (ce qui demande aussi confirmation). Contrairement à Piatti, qui était resté dans son club entre le moment de sa signature et son arrivée au Québec, l’attaquant serait prêté par l’Impact à River Plate, puissant club argentin que l’on a d’ailleurs vu affronter l’Impact au stade Saputo il y a plusieurs années de cela, et acteur supplémentaire dans cette pièce au casting gigantesque. Si à Montréal, on prie pour qu’il ne se blesse pas entre temps, à Rosario, les supporters explosent.
En effet, selon certaines sources, la clause libératoire n’était valable qu’en cas de transfert dans un club étranger. Donc, le rival de Rosario aurait trouvé un tour de passe-passe pour se renforcer pendant six mois au moins d’une manière certes légale mais très peu orthodoxe. Dans un contexte argentin où les agents et autres intermédiaires ont un pouvoir encore plus excessif qu’ailleurs et où les dirigeants ne sont pas à un arrangement près (dont une réforme du championnat que beaucoup associent à la descente en D2 il y a quelques années de… River Plate). Dès lors, toute manœuvre quelque peu douteuse, dans un environnement où passion et méfiance sont étroitement liées, peut rapidement se transformer en poudrière.
C’est le cas de la situation Larrondo. En Argentine en tout cas. N’oublions pas que jusqu’à présent, seuls le club de Rosario et ses supporters se sont exprimés. Certains journalistes, notamment ceux du Journal de Montréal et de TVA Sports, ont demandé sa version des faits à l’Impact, qui a préféré ne pas émettre de commentaire. En attendant, la rumeur s’amplifie à Rosario, où la colère gronde et où il n’en faut pas plus pour faire naître une théorie du complot voulant que le joueur reste à River Plate à la fin de son prêt… Espérons qu’il y ait bientôt autant de clarté dans cette affaire que de rivalité et de passion !
