Stupeur ce dimanche à 0h45 du matin, quand l’Impact a envoyé un communiqué laconique stipulant que Mauro Biello était nommé entraîneur principal par intérim de l’équipe première en remplacement de Frank Klopas.
“Le sport professionnel est une affaire de résultats et les résultats des 11 derniers matches, 11 points, ne sont simplement pas satisfaisants, a expliqué le vice-président Richard Legendre. Une seule victoire en 7 matches dans un mois d’août que nous avions identifié comme crucial, avec 4 matches à la maison mais aucune victoire. Ces résultats ont fait qu’on a pris la décision de remplacer l’entraîneur Frank Klopas par Mauro Biello.”
Le mot résultats est clairement celui qui est revenu le plus souvent pour motiver la décision. “C’est facile de regarder en arrière et de questionner des décisions, mais ce qui compte, ce sont les résultats, a renchéri le directeur technique Adam Braz. Malheureusement, récemment, ils n’ont pas été à la hauteur de nos objectifs. Frank a toujours essayé de prendre les décisions pour le meilleur, mais il est au courant qu’il va être jugé sur les résultats.”
L’intérim durera au moins jusqu’à la fin de la saison. “On a besoin d’un dernier tiers de saison avec de meilleurs résultats, ça va de soi, a ajouté Legendre. Ce sera un défi avec onze matches en huit semaines. Ce n’est pas parce qu’on a des matches de retard qu’il y aura automatiquement des résultats positifs. On a besoin d’un nouvel élan et nous pensons qu’un nouveau leadership nous l’apportera. Nous avons confiance en Mauro Biello, et nous la lui attribuons pour le reste de la saison.”
Et pourquoi Biello plutôt que Concina ? L’explication de Braz : “Mauro était le premier assistant, et comme on le voit partout, si l’entraîneur est relevé de ses fonctions, c’est le premier assistant qui prend le relais par intérim s’il reste au club. Enzo est là pour aider Mauro, avec toute son expérience et ses connaissances. C’est donc une décision naturelle.”
Une décision qui a été prise par les dirigeants du club sans consulter les joueurs. “ C’est une décision qui doit être prise par le club. C’est à lui d’analyser la situation par rapport aux résultats et à la manière de les améliorer. Aux joueurs de travailler dur et de montrer sur le terrain que l’équipe est bonne, que le groupe est uni et a du caractère.” Un message que l’on a souvent entendu à Montréal lors des changements d’entraîneur, notamment en cours de saison.
Arrivé en décembre 2013, Klopas n’a jamais fait l’unanimité autour de lui. Ceux qui avaient suivi Chicago de près au cours de la saison précédente, ou qui s’étaient renseignés auprès de supporters du club ou de journalistes locaux, avaient déjà des doutes à son égard. Quoi qu’il en soit, il fallait bien lui laisser sa chance.
Présenté aux supporters dès son premier jour, car cela coïncidait avec la rencontre annuelle d’après-saison avec les abonnés, Klopas a livré un discours policé, avec des mots que tout supporter aimerait entendre. Il a aussi procédé à son analyse de l’équipe, expliquant à l’époque : “C’est une équipe solide composée de joueurs d’expérience mais aussi de plusieurs bons jeunes qui prouvent que le club va dans la bonne direction. C’est une très bonne équipe en possession de balle, capable de garder le ballon au sol, d’utiliser la largeur et la profondeur du terrain. Elle a été construite pour jouer d’une certaine manière, qui correspond au soccer que je veux jouer, très organisé dans les deux facettes du jeu.”
Une analyse qui, au fil de la saison 2014, s’est avérée erronée. Ce que l’on savait par ailleurs, puisque l’équipe n’avait pas changé ou presque après 2013. Ainsi, pour la première saison de Klopas à la barre de Montréal, le club a fini dernier du classement général de MLS avec 28 points, soit 21 de moins que la saison précédente. Ce que les analystes retiennent surtout, c’est l’exploit peu commun de n’avoir marqué aucun but sur phase arrêtée en 34 rencontres de championnat.
Consolation, pas seulement maigre loin de là, l’équipe a remporté la Coupe du Canada, se qualifiant pour la Ligue des champions, dont elle a passé le premier tour en terminant première de son groupe, et prenant la compétition au sérieux. La suite sera encore plus belle, puisqu’après des exploits contre Pachuca et Alajuelense, Montréal jouera la finale de la compétition continentale, perdue contre l’America Mexico, mais lors de laquelle les espoirs de succès étaient encore vifs à la mi-temps du match retour. C’est la plus belle ligne sur la carte de visite de Klopas à Montréal.
Il faut aussi lui reconnaître un autre mérite, même si officiellement rien ne confirme qu’il lui revient. Klopas a identifié certaines failles dans l’équipe et a mené un recrutement en conséquence. Pour la première fois en quatre saisons, le club est allé chercher quelques joueurs ayant l’expérience en MLS indispensable pour réussir dans ce championnat. Jusque-là, Justin Mapp avait souvent été bien seul.
L’ensemble des responsables technique a d’ailleurs participé à un virage à 180 degrés, faisant que l’équipe au début de la saison 2015 n’avait presque plus rien à voir avec celle à la disposition de l’entraîneur 12 mois plus tôt. Cependant, Klopas n’est pas arrivé à faire une bonne utilisation de cet effectif de plus grande qualité – qui selon certains observateurs pourrait jouer facilement le top 8 de la MLS.
Au début de l’été, la Ligue des champions semblait un lointain souvenir mais l’optimisme était toujours de rigueur. Cependant, l’agitation au club (dans certains cas, sans que Klopas n’en soit aucunement responsable) a ébranlé tout cela, avec, entre autres, des polémiques autour de Bakary Soumare, Laurent Ciman et Patrice Bernier, le départ de Jack McInerney ou l’arrivée de Didier Drogba.
Sur le terrain, les résultats sont devenus de plus en plus décevants, et Klopas n’est pas parvenu à redresser la barre. Entre la manière dont il voulait voir jouer l’équipe et celle dont elle était efficace, il y avait depuis le début une nette différence. Il n’a jamais su corriger le tir et l’Impact était devenu hyper prévisible pour ses adversaires. Les défaites sans gloire à Vancouver, en finale de la Coupe du Canada, et à Toronto auront été celles de trop.
Mauro Biello est le successeur, par intérim, de Klopas. C’est un visage familier à tous les Montréalais qui suivent le club, puisqu’il y jouait déjà en 1993, année de naissance de l’Impact, à qui il a été fidèle toute sa carrière. Il a également joué un an à Rochester, en 1999, saison sur laquelle l’Impact avait fait l’impasse. Après avoir raccroché les crampons fin 2009, Biello a immédiatement intégré le staff technique, et été adjoint tour à tour de Marc Dos Santos (qu’il épaulait déjà lors de sa dernière saison pro), Nick De Santis, Jesse Marsch, Marco Schällibaum et Frank Klopas.