Ce n’était plus vraiment un secret, c’est désormais officiel : Marco Di Vaio ne jouera plus à Montréal la saison prochaine. L’attaquant italien a annoncé qu’il retournerait en Italie, auprès de sa famille qui lui manque beaucoup, et raccrocherait les crampons à la fin de la saison.
Comme son ami Alessandra Nesta, Di Vaio disputera donc son dernier match officiel avec le maillot des bleu-blanc-noir sur les épaules. Ce sera le 25 octobre contre DC United, et clora une carrière professionnelle entamée en 1993 à la Lazio qui, par la suite, l’a entre autres mené à Parme, la Juventus, Valence, Monaco, Bologne et Montréal, sans oublier quatorze apparitions sous le maillot de l’équipe nationale italienne, avec laquelle il était à l’Euro 2004. Un parcours avoisinant 700 matches chez les pros et riche d’environ 260 buts.
“J’ai donné tout ce que j’avais dans mon cœur et dans ma tête”, a expliqué l’attaquant, avant les remerciements d’usage, adressés à ses clubs, à ses coéquipiers, aux supporters (il était touché par les nombreux messages d’encouragements depuis l’annonce de sa retraite ce matin), mais particulièrement à ses parents “pour les sacrifices qu’ils ont consentis” et à sa famille “qui a toujours été à mes côtés”. Ces derniers temps, c’était surtout moralement, et Di Vaio avait hâte d’être près d’eux au quotidien. “On sera ensemble l’année prochaine, c’est le moment de reprendre une vie normale.”
Cette annonce n’est pas une grande surprise, et Di Vaio savait depuis longtemps qu’il ne jouerait plus pour l’Impact en 2015. “C’est une décision que j’ai prise il y a un bon moment déjà, dès que j’ai compris que ma famille ne pouvait pas venir, a-t-il confirmé. J’en fais part maintenant car tout est terminé pour l’équipe ; si le match à New York avait été important, j’aurais attendu avant de l’annoncer.” Malgré tout, il en a réellement pris conscience après sa rencontre avec le président Saputo ce jeudi. “Après avoir parlé avec Joey hier, j’ai pris la voiture et c’est là que j’ai compris que c’était terminé. Ça a été un moment très difficile pour moi. Parmi les meilleurs ici, il y a eu l’arrivée à l’aéroport, les buts que j’ai marqués et la victoire en coupe.”
Comme souvent dans ces circonstances, le principal intéressé a dû se livrer au très difficile exercice de résumer sa carrière en quelques phrases brèves. “Je suis fier de ce que j’ai fait dans ma carrière, a répété Di Vaio à quelques reprises. J’ai vécu pour marquer et j’ai donné tout ce que j’ai pu sur le terrain. J’ai eu la chance de marquer beaucoup de buts et de donner autant de bons moments aux supporters.”
L’avenir, il ne veut pas encore trop y penser. Il sait que dans moins d’un mois, un rêve prendra fin : celui d’avoir comme métier une activité qui procure tant de plaisir depuis qu’on y joue tout enfant. Et il veut en profiter à fond ! “Je ne sais pas ce qui m’attend en Italie, même si j’espère rester dans le monde du soccer, c’est là que j’ai grandi. Mais en attendant, je dois profiter de mon dernier mois d’une carrière de 20 ans. Et vivre mon dernier match comme un grand jour, avec ma famille qui arrive ici à la fin du mois d’octobre.”
À ses côtés lors de la conférence de presse, Joey Saputo était à la fois ému et élogieux. “Marco a répondu à toutes les attentes que nous avions à son égard, a déclaré le président du club. Après avoir vu ce qu’il a apporté au club pendant deux ans et demi, il y a beaucoup d’émotion : ce n’est pas seulement un joueur de soccer, mais aussi un être humain fantastique. Notre relation n’est pas finie : il va être un lien très important, un ambassadeur qui connaît le club et la ville, qui peut nous donner des conseils sur des joueurs à amener.” Il ne s’est néanmoins pas engagé quant au remplacement du joueur désigné dans l’équipe. “C’est une décision qui revient au staff technique. C’est sûr que remplacer les souliers de Marco sera difficile.”
Avant d’y entamer son dernier mois, Di Vaio a répété que “la MLS représente l’avenir”, se montrant confiant dans le fait qu’elle devienne un des meilleurs championnats au monde. Il a aussi réitéré le principal progrès qu’elle doit accomplir à ses yeux : “Il faut encore apprendre la tactique, ça arrive avec les années, l’expérience, les entraîneurs et les nouveaux joueurs qui arrivent d’Europe.”
Arrivé au Québec fin mai 2012 sous les vivats des supporters qui l’attendaient à l’aéroport, Di Vaio a disputé à ce jour 84 rencontres sous le maillot montréalais et inscrit 37 buts. Deux totaux qui pourraient encore croître d’ici le 25 octobre.
Ses débuts n’ont pas été simples, puisqu’il lui a fallu quelque temps pour s’adapter à la MLS et pour que ses équipiers s’adaptent à lui. En outre, il sortait d’une saison pleine en Italie et n’avait pas pris part à la préparation avec l’Impact. Lors de sa première saison, il a trouvé le fond des filets à cinq reprises, guère aidé par une fin de championnat lors de laquelle Jesse Marsch semblait lui donner des rôles qui ne lui convenaient pas. Avant cela, on avait déjà décelé ce qui faisait sa force : le jeu rapide, les passes venues de derrière lui dans l’axe pour le lancer seul face au gardien. Felipe et lui s’en étaient déjà donné quelques fois à cœur-joie.
La pâte a parfaitement levé pour le joueur désigné en 2013. Arrivé à la fois frais et au point physiquement, il a montré qu’il possédait l’intelligence de jeu suffisante pour changer quelques petits réglages afin de parfaitement s’harmoniser avec ses partenaires. Le meilleur exemple est le hors-jeu : aussi souvent à la limite que la saison précédente, il avait compris quand démarrer pour partir non pas au meilleur moment mais bien quand son équipier lui donnait le ballon. Di Vaio cadrait aussi pleinement avec le modèle de jeu mis en place par Marco Schällibaum : une exécution rapide, vers l’avant et en un ou deux temps. S’il a perdu Felipe, que l’entraîneur suisse avait placé dans un autre rôle, il s’est régalé des passes de Bernier, d’Arnaud qui avait été recentré, et surtout de Mapp, gaucher placé sur le côté droit ce qui lui permettait de rentrer dans le jeu et de lancer Di Vaio avec les passes verticales qu’il aime tant. Résultat des courses : 22 buts, dont 20 en championnat où il a été jusqu’au bout dans la course au titre de meilleur buteur.
Comme pour le reste de l’équipe, l’année 2014 de Di Vaio a été difficile. Elle a commencé par une suspension et quelques légers pépins physiques, mais le style de jeu sous Frank Klopas ne lui correspond guère. Exemple frappant : les statistiques fournies par Vision du Jeu ne mentionnent aucun but en championnat marqué lors d’un face à face avec le gardien, alors que c’est pourtant une de ses marques de fabrique. Il ne lui restait que son entente avec Mapp, encore son meilleur pourvoyeur cette saison. Mais Di Vaio a compensé par quelques passes décisives et plusieurs buts importants en Ligue des champions. Il est évident qu’il aurait rêvé d’une plus belle dernière année, mais il peut quand même partir la tête haute.
Quelques derniers chiffres pour finir : alors que certains supporters voulaient la peau du médian fin 2012 prétextant une mauvaise entente avec le joueur désigné, Justin Mapp a été le principal pourvoyeur de Di Vaio en championnat, lui donnant 8 fois la dernière passe sur ses 31 buts depuis son arrivée. Bernier arrive second avec 4 passes décisives. Philadelphie est l’équipe qui l’a le plus inspiré, puisqu’il a trouvé le fond des filets à 5 reprises contre l’Union, 4 contre Houston, Columbus et Chicago, 3 contre New York et DC United (chiffres en championnat seulement, source Vision du Jeu). Des stats qui sont encore appelées à évoluer au cours des prochaines semaines.
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